AFP 07 Oct 2017
Le conseiller spécial pour la prévention du génocide des Nations unies, Adama Dieng, est arrivé hier vendredi en Centrafrique pour se «faire une idée» de la situation sécuritaire du pays, a rapporté un journaliste de l’AFP.
«Il est vrai que ces derniers temps, il y a eu une situation sécuritaire qui s’est dégradée dans une partie (de la Centrafrique). C’est la raison pour laquelle je me présente à nouveau pour (...) me faire une idée de ce qui prévaut en ce moment» dans le pays, a déclaré à l’Afp M. Dieng à l’aéroport de Bangui.
Fin août, l’ancien secrétaire général adjoint de l’Onu pour les affaires humanitaires, Stephen O’Brien, avait évoqué à plusieurs reprises des «signes avant-coureurs de génocide» en Centrafrique, une affirmation rejetée depuis par le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra.
Après son arrivée à Bangui, où il s’entretiendra avec les autorités nationales, le conseiller spécial doit se rendre à Bria (est), théâtre de massacres en juin et en août, pour rencontrer des représentants de groupes armés et des victimes des violences. M. Dieng s’était rendu en Centrafrique en mai 2016 pour le lancement d’un Comité national «pour la prévention et la répression du crime de génocide, des crimes contre l’humanité et toute forme de discrimination», créé sous l’impulsion du gouvernement centrafricain avec le soutien de l’Onu.
La Centrafrique est en proie depuis 2013 à des violences intercommunautaires, après le renversement la même année de l’ex-président François Bozizé par les milices Séléka prétendant défendre la minorité musulmane, entraînant une contre-offensive des antibalaka majoritairement chrétiens. L’intervention militaire de la France (2013-2016) et la Mission des Nations unies (Minusca, 12.500 hommes) ont permis la tenue d’une élection présidentielle début 2016 et le retour d’un calme relatif à Bangui, mais pas dans les provinces, contrôlées dans leur majorité par les groupes armés.
Ceux-ci, selon des diplomates et des rapports d’Ong, se battent désormais aujourd’hui surtout pour le contrôle des ressources naturelles (diamants, or, bétail...) et dans d’intenses luttes politiques pour accéder aux maigres ressources du pouvoir.
COMMUNIQUE DE PRESSE
VISITE EN RCA DU CONSEILLER SPECIAL DU SECRETAIRE GENERAL DES NATIONS UNIES POUR LA PREVENTION DU GENOCIDE
Bangui, 6 octobre 2017 - Le Secrétaire Général Adjoint, Conseiller Spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le prévention du génocide, Adama Dieng, entreprendra une mission en République Centrafricaine (RCA) du 6 au 11 octobre 2017.
Cette mission fait suite aux informations reçues par son bureau faisant état d’une montée des violences intercommunautaires, d’attaques et de représailles opérées par des groupes armés contre les populations civiles dans plusieurs régions du pays. La situation des droits de l'homme en RCA demeure en effet préoccupante en raison de la récurrence des violations et abus de droits de l'homme et du droit international humanitaire imputés aux différents groupes armés sévissant sur le territoire centrafricain et dont sont victimes les populations civiles. Les cas documentés par la Division des Droits de l’Homme (DDH) de la MINUSCA et partagés pour information avec le gouvernement et le Bureau de Monsieur Adama Dieng, portaient entre autres sur les attaques contre les populations civiles, personnes déplacées et personnels humanitaires, les exécutions extrajudiciaires et arbitraires, les menaces de mort, les traitements cruels, inhumains et dégradants, le viol, la violence sexuelle et sexiste, les arrestations et détentions arbitraires, les enlèvements, le travail forcé, l’enrôlement des enfants soldats et la destruction ou l'expropriation de biens appartenant aux populations civiles.
Préoccupé par ces informations, le Conseiller Spécial a souhaité se rendre en RCA pour rencontrer les populations, s’entretenir avec les autorités centrafricaines de la situation sécuritaire dans le pays et explorer avec elles, les réponses nécessaires pour réduire les tensions intercommunautaires et assurer la protection des populations civiles. Sa démarche s’inscrit dans un objectif de prévention d’atrocités criminelles que sont les crimes de guerre, le nettoyage ethnique, les crimes contre l'humanité, et le génocide, ainsi que des incitations à les commettre.Il est prévu que le Conseiller Spécial se rende à Bria et rencontre également les membres des confessions religieuses, de la société civile, les représentants des groupes armés, les représentants de la communauté internationale, le leadership des Nations unies, ainsi que le Procureur de la Cour pénale spéciale.
Juriste et spécialiste des droits de l’homme, M. Dieng est Conseiller Spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la prévention du génocide au rang de Secrétaire général adjoint depuis juillet 2012. Il a contribué pendant toute sa carrière au renforcement de l’état de droit, à la lutte contre l’impunité et à la promotion du renforcement des capacités des institutions judiciaires et démocratiques. Il a commencé sa carrière au Sénégal comme Greffier des tribunaux régionaux et des tribunaux du travail. Il a été Greffier de la Cour suprême du Sénégal pendant six ans. En 1982, il est entré à la Commission internationale des juristes, où il a exercé plusieurs fonctions, notamment celles de Juriste pour l’Afrique et de Secrétaire exécutif, jusqu’en 1990. Au cours des 10 ans qui ont suivi, il a été Secrétaire général de ladite Commission et, dans ce cadre, Expert indépendant des Nations Unies pour Haïti, de 1995 à 2000.
De 2001 à 2012, M. Adama Dieng sert au poste de Greffier du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) au rang de Sous-Secrétaire général. M. Dieng a également assumé les fonctions d’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Malawi et a joué un rôle moteur dans la création de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, ainsi que dans l’élaboration de la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption.
Le Conseiller spécial a enseigné le droit international et les droits de l’homme dans plusieurs instituts et universités dans le monde. Il est membre d’« Africa Leadership Forum » et Président honoraire de « The World Justice Project ».
Division de Communication Stratégique et d'information publique