COMPTE RENDU
Plusieurs morts au Togo lors d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre
L’opposition avait appelé à manifester pour demander la démission du président Faure Gnassingbé, héritier d’une famille au pouvoir depuis cinquante ans.
Le Monde.fr avec AFP •
Au moins quatre personnes ont été tuées par balle, mercredi 18 octobre, au cours d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre dans les deux principales villes du Togo, a déclaré le ministre de la sécurité, Yark Damehame.
Au cours d’un point presse, il a précisé que « les forces de l’ordre n’étaient pas les seules à détenir des armes ». « Il est donc difficile de dire qui a tiré », a-t-il ajouté.
Marches interdites
L’opposition, qui avait appelé à manifester, fait pour sa part état de « deux morts, dont un élève de 11 ans » et « au moins de vingt blessés graves »dans la capitale, Lomé, où la situation est toujours très tendue ainsi que dans la ville de Sokodé. Elles sont quadrillées par un impressionnant dispositif mis en place par les forces de sécurité. Récemment, le gouvernement avait interdit les marches pendant les jours de semaine.
Mercredi, des manifestants ont dressé des barricades de fortune, et les boutiques sont restées fermées dans plusieurs quartiers de la capitale. La police a procédé à de nombreuses reprises à des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène à Bé, un quartier de Lomé, d’où devaient partir les marches visant à demander la démission du président Faure Gnassingbé, héritier d’une famille au pouvoir depuis cinquante ans.
Un pays agité depuis août
L’arrestation d’un imam proche des opposants du Parti national panafricain (PNP), lundi, a mis le feu aux poudres. Yark Damehame avait justifié cette décision sur les ondes de Radio Victoire en affirmant que « dans ses prêches, [Alpha Alassane] appelle ses fidèles à la violence et à la haine ». Des échauffourées avaient alors éclaté dans la soirée. A Sokodé, un fief du PNP, deux adolescents ont été tués et deux soldats ont été lynchés par la foule mardi.
Le PNP s’est allié à treize autres partis de l’opposition pour demander le retour à la Constitution de 1992, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels, et la démission de M. Gnassingbé, élu en 2005 dans un climat de violence. Le pays est agité par cette contestation depuis août. Douze personnes, dont une majorité d’adolescents, ont été tuées en à peine deux mois.
Le gouvernement a assuré qu’il soumettrait son projet de réforme au peuple « d’ici à la fin de l’année », par voie de référendum. Mais l’opposition rejette le texte en bloc : la limitation prévue par le gouvernement n’est pas rétroactive et permettrait donc au président de se représenter en 2020 et en 2025.
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