https://observalgerie.com Par Jugurta Nam 9 octobre 2017 à 15:17
L’homme d’affaires Issad Rebrab, PDG du groupe agro-alimentaire Cevital et première fortune d’Algérie est revenu dans un long entretien accordé à la chaîne française BFMTV pour parler de son parcours, ainsi que de son projet de chemin de fer transafricain, qualifié de « projet fou » pour le développement du continent.
Lors de son entretien, Issad Rebrab est notamment revenu sur l’attentat terroriste qui avait visé son complexe métallurgique en 1995 et l’avait obligé à partir pour la France avec sa famille « 14 bombes ont été posées au niveau du complexe sidérurgique et on a été obligés de fermer trois de nos principales activités, ce qui a éliminé 90% de nos actifs » a-t-il expliqué. Arrivé en France « sans argent, avec seulement de quoi vivre », Issad Rebrab ne tarde pas à se relancer en investissant dans un nouveau projet. « En 1995, un des anciens clients de mon cabinet d’expert-comptable m’a présenté un de nos compatriotes qui avait une petite charcuterie halal. Il voulait savoir si j’étais intéressé pour entrer dans son entreprise à hauteur de 30%. J’ai dit ‘écoutez, ça m’intéresse mais je n’ai pas d’argent sauf si je dois vous payer à crédit, je vous paierai en Algérie’ » a-t-il relaté. À son retour en Algérie, l’homme d’affaires fonde le groupe Cevital en 1998, qui ne tardera pas à devenir le premier groupe privé dans le pays. « Avec Cevital, nous avions l’intention de produire tous les produits de première nécessité: sucre, huile, margarine, lait, farines, semoules (…) Nous avons ainsi créé une première raffinerie de sucre, puis une deuxième, jusqu’à faire passer l’Algérie de pays importateur à exportateur de sucres. Aujourd’hui, nous avons la plus grande raffinerie de sucre au monde avec plus de 2,7 millions de tonnes produites par an » a-t-il dit.
Un « projet fou » pour le développement en Afrique :
Aujourd’hui, Issad Rebrab a le projet de réaliser un chemin de fer reliant tout le continent africain. Projet titanesque, mais dont la réussite ne laisse planer aucun doute pour l’homme d’affaires, qui ne ménage d’ailleurs aucun effort pour défendre son idée. « On ne peut pas développer aujourd’hui l’Afrique sans investissements massifs dans l’éducation, sans l’électrification, sans investissements dans des infrastructures ferroviaires, routières et portuaires » explique Rebrab, qui illustre son idée en ajoutant que « d’un port algérien jusqu’à la Centrafrique, si vous devez envoyer une marchandise par bateau, vous mettrez deux mois et demi. Par contre, une ligne de chemin de fer qui partirait d’un port algérien vers la Centrafrique par le Tchad, c’est 48 heures ».
Issad Rebrab compte également convaincre les investisseurs européens de participer à la réalisation de ce projet titanesque, dont le coût est estimé à plusieurs milliards d’Euros, pour cela, il met en avant l’argument de la lutte contre l’immigration clandestine. « L’Europe a besoin de grands projets et l’Afrique a besoin de développement. Nous avons un destin commun. On doit travailler ensemble dans l’intérêt de tout le monde » estime le PDG de Cevital, « Vous savez que d’ici 2030, il y aura 450 millions de nouvelles naissances en Afrique. Si on n’essaie pas d’investir dans des infrastructures pour le développement de l’Afrique, les gens vont venir, et ce sera extrêmement difficile de les arrêter. Il est impératif aujourd’hui que les gouvernements des deux continents travaillent ensemble pour un plan Marshall comme l’a proposé Madame Merkel. Il faut que la France aussi joue son rôle » dit-il encore. « Imaginez-vous si nous créons une classe moyenne de 500 millions d’habitants en Afrique, ce sera une pérennité pour les marchés européens, et une source de stabilité pour les pays des deux continents » argumente également le milliardaire.