http://www.radiondekeluka.org lundi 29 mai 2017 13:29
Colonel Toussaint Mutazini Mukimapa, procureur de la Cour pénale spéciale (CPS) nouvellement arrivée à Bangui, a rejeté fermement l’idée d’une amnistie pour les auteurs de crimes en Centrafrique. Il l’a déclaré au sortir d’une rencontre ce lundi avec le bureau de l’Assemblée Nationale présidé par Abdou Karim Meckassoua.
« Je crois qu’il y a une volonté très forte du peuple centrafricain de ne pas pardonner les crimes graves qui ont été commis. Cette volonté a été exprimée lors du forum national. Elle a été exprimée avec la publication et la promulgation de la loi créant la CPS », a-t-il averti.
Pour M. Mutazini Mukimapa, les Centrafricains réclament que justice soit rendue et qu’il y ait réparation pour les victimes. Il révèle que le parlement ne peut aucunement voter en faveur d’une amnistie. « De ce que j’ai entendu du président et de l’ensemble du bureau, cela ne se fera pas ».
Prenant ses fonctions à un moment où le pays connaît un pic de violences, le procureur de la CPS a reconnu faire face à de nombreuses menaces. « Les défis sécuritaires peuvent compromettre les enquêtes. Mais nous sommes là pour les affronter », a-t-il indiqué.
« Avant même de venir, j’étais conscient que beaucoup de défis allaient se poser à moi. Si j’ai accepté d’exercer ce mandat, c’est parce que je me sens prêt à affronter ces défis et je sens que j’aurais le soutien des autorités et du peuple tout entier », a prévenu le Congolais Mutazini Mukimapa.
Se fondant sur ses expériences de la RD Congo, le numéro 1 du parquet de la CPS a dit avoir des stratégies appropriées pour s’informer sur les leaders des groupes armés. « Ces seigneurs de guerre continuent à commettre des crimes impardonnables. Nous devons enquêter et il y a des stratégies pour cela », révélant qu’à partir de maintenant il n’est « plus Congolais » mais « Centrafricain ».
Le Procureur Spécial de la Cour Pénale Spéciale, Toussaint Mutazini Mukimapa, reçu par le Président de l’Assemblée nationale
Bangui, 29 mai (ACAP) – Le Président de l'Assemblée nationale, Abdou Karim Meckassoua, a reçu, lundi 29 mai à Bangui, le Procureur Spécial près de la Cour Pénale Spéciale (CPS), Toussaint Mutazini Mukimapa, qui se trouve dans la capitale centrafricaine depuis le jeudi 25 mai pour la mise en place de cette juridiction hybride.
Le but de cette audience est de permettre au Procureur Spécial d’échanger avec le Président de l’Assemblée nationale et les membres du bureau afin d’avoir leurs points de vue la situation qui a prévalu avant, pendant et après la crise centrafricaine.
A l'issue de l'audience, Toussaint Mutazini Mukimapa a déclaré que sa venue en République Centrafricaine permet d’accélérer le processus de mise en place des organes de la cour pénale spéciale.
Il a indiqué qu’il y a une volonté très forte du peuple centrafricain de ne pas pardonner les crimes graves qui ont été commis en République Centrafricaine.
Il a par ailleurs réitéré la ferme volonté des Centrafricains de ne pas amnistier des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité qui ont été commis dans le pays.
«Les défis sécuritaires peuvent compromettre les enquêtes sur le terrain, mais la Cour Pénale Spéciale est en Centrafrique pour affronter tous ces défis », a-t-il souligné.
Il convient de signaler que le Procureur spécial, Toussaint Mutazini Mukimapa, a déjà rencontré les plus hautes autorités centrafricaines dans le cadre de sa prise de fonction à la tête de la CPS, créée en juin 2015 et appelée à juger les graves crimes commis en République Centrafricaine depuis 2003.
Rapport de la Minusca: «il y aura la justice» en RCA
C'est un document de près de 400 pages qui vient d'être publié par la Minusca en Centrafrique. Depuis un an, les enquêteurs onusiens ont déterré des archives publiques et confidentielles sur les exactions menées dans le pays depuis l'arrivée de François Bozizé au pouvoir en 2003. Bien que la dernière crise rassemble la moitié des crimes commis, la date de 2003 coïncide avec le mandat de la Cour pénale spéciale et le procureur vient d'arriver à Bangui.
« Il faut reconnaître que les groupes armés sont actifs. Ils sont restés actifs pendant des années et des années. Pourquoi ils ont actifs ? Parce que jusqu’à maintenant, ils ont pu agir dans l’impunité. Une partie de la réponse aux groupes armés, bien sûr, ce sont les forces onusiennes qui sont sur le terrain pour protéger la population. Mais on sait que ça ne suffit pas pour combattre tout ça et partout.
Mais ce que nous constatons c’est que les leaders qui sont derrières tous ces groupes armés, peut-être qu’avec la publication de ce rapport, vont se rendre compte qu’un jour, il y aura la justice, qu’il y a plus de connaissances qu’ils ne pensent sur ce qu’ils ont fait et que les choses qu’ils ont pensé être oubliées ne le sont pas. Il y a un vaste archivage sur les crimes commis dans le territoire centrafricain et qu’avec la mise en place de la Cour pénale spéciale, il y aura un jour la justice en République centrafricaine. »