Par RFI Publié le 14-10-2016 Modifié le 14-10-2016 à 22:58
Kaga-Bandoro, dans le centre de la Centrafrique, est à l'arrêt depuis mercredi. Les violences qui ont fait 37 morts ont achevé de couper la ville en deux. Les habitants qui dépendent de l'assistance humanitaire voient les ONG réduire la voilure et craignent de nouvelles violences.
Depuis trois jours, Kaga-Bandoro est paralysée par la peur. Au sud de la ville, 6 000 déplacés sont toujours massés autour de la base de la Minusca et du bâtiment du bureau conjoint. Déplacés et habitants craignent une nouvelle éruption de violence, de nouveaux pillages. Ils craignent la pluie, la boue et les maladies qu'elles charrient comme le choléra. Mais par-dessus tout, ils ont faim. La peur les empêche de circuler et surtout de se rendre dans le nord de la ville, chez les commerçants musulmans où ils pourraient s'approvisionner, de l'autre côté du pont qui marque désormais la séparation entre les deux Kaga-Bandoro.
De l'autre côté de ce pont, la peur est là aussi. Peur que les anti-balaka contre-attaquent en représailles aux violences commises par les ex-Seleka. Peur des pillages et du racket aussi.
La peur n'épargne pas les ONG et les humanitaires qui réduisent leurs activités sur place faute de sécurité.
Dans ce contexte, les patrouilles de la Minusca se font visibles. Accusés par les autorités et le clergé local de n'avoir pas su efficacement protéger les civils mercredi, les casques bleus pakistanais, burundais, rwandais sont postés aux points sensibles rejoints depuis jeudi soir par une quarantaine de Bangladeshis. Ce samedi, le coordinateur humanitaire est attendu à Kaga-Bandoro accompagné de la ministre de la Réconciliation ainsi que des représentants d'agences comme le Programme alimentaire mondial. Objectif : évaluer les besoins urgents des 12 000 déplacés de la région et des 120 000 personnes qui ont besoin d'une assistance alimentaire.
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Et, effectivement, de nombreux bâtiments administratifs ont aussi été pillés lors des violences, ajoute le RJDH. Une autorité locale jointe dans la journée parle de pillage systématique des résidences et autres édifices publics « les agents de l’Etat aussi ont trouvé refuge à la Minusca puisque les résidences et autres édifices de l’Etat sont systématiquement attaqués ».
Selon Caritas de Bandoro, cité par le RJDH, « la maison de l’évêque et plusieurs autres bâtiments de la mission catholique sont touchés par cette vague de pillage ».
Trente-sept morts mercredi à Kaga-Bandoro, donc… Mais « 47 blessés ont été enregistrés, complète Les Dépêches de Brazzaville. Le CICR confie avoir évacué à Bangui 9 blessés graves, dont l’état nécessite des interventions plus poussées », précise également le quotidien congolais. Ces violences, en tout cas, reposent une fois encore la question des milices. Ce grave incident prouve à souhait que les armes continuent de circuler illégalement en RCA. « Tant que ce sera ainsi, le pays ne sortira pas de l’ornière, soupire Le Pays, au Burkina-Faso. Tant qu’il y aura des milices qui auront des armes par-devers elles, les risques de dérapages de ce genre ne manqueront pas », prévient ce quotidien ouagalais.
Des milices qui sont, la plupart du temps, instrumentalisées. Comment les « endiguer » ? La solution est « locale », explique Le Potentiel. Certes, il y a les programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion. Mais ces programmes ne constituent habituellement, souligne le quotidien kinois, qu’un « volet de “liquidation” de certaines interventions françaises en Afrique menées avec des forces armées locales ». Non, selon Le Potentiel, qui évoque l’exemple des gardes forestiers dans l’est de la République démocratique du Congo, « c’est parfois dans les champs, les déserts, les montagnes et les forêts que les solutions émergent ».