APA 14/10/16 Bangui (Centrafrique) - Le Ministre de la Sécurité Publique et de l’Administration du Territoire, Jean Serge Bokassa a qualifié ce vendredi d’’’inacceptables’’ les violences qui ont secoué la ville de Kaga Bandoro, au Centre du pays, et qui ont entrainé la mort de plusieurs personnes et la destruction des maisons et des paroisses de l’évêché de la localité.
Selon Jean Serge Bokassa, le gouvernement ne peut plus négocier avec les groupes armés qui ne cessent de commettre des exactions sur la population.
Les tueries et les destructions ne sont plus tolérables a-t-il déclaré.
La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) a suffisamment montré ses limites a dit le ministre soulignant à cet effet, qu’il ne faut plus se voiler la face.
Pour le ministre, la MINUSCA s’est opposée au déploiement des policiers et gendarmes centrafricains à Kaga Bandoro au début des violences au mois de septembre souhaitant que seules les Casques Bleus puissent protéger la localité des exactions des ex sélékas.
Malheureusement il a été constaté que le contingent pakistanais de la MINUSCA déployé à Kaga Bandoro agit en connivence avec les ex sélékas et laisse ces derniers commettre des exactions sur la population civile malgré les gros moyens militaires dont il dispose.
Le gouvernement doit se battre pour trouver d’autres pays amis pour l’aider à ramener la sécurité dans le pays a affirmé le ministre de la Sécurité Publique.
Le bilan de ces violences de Kaga Bandoro dressé par la mission onusienne est de 37 morts, 58 blessés.
RCA: le MPC d’al-Khatim dément être à l’origine des violences à Kaga-Bandoro
Par RFI Publié le 14-10-2016 Modifié le 14-10-2016 à 14:52
Méfiance et défiance à Kaga-Bandoro, en Centrafrique, après la flambée de violences de ce mercredi 12 octobre 2016. Une attaque sur un site d'accueil de déplacés à l'évêché a fait 37 morts, selon un bilan du bureau des affaires humanitaires de l'ONU. Plusieurs sources accusent les ex-Seleka d'être responsables de cette attaque en représailles après une tentative de braquage la veille. Pour la première fois, la faction pointée du doigt donne sa version des faits. Le MPC, qui répond aux ordres du général Mahamat al-Khatim, dément être à l’origine des violences.
Abel Balenguélé est le secrétaire général du MPC. Depuis Bangui, il dément la version du braquage d'un groupe électrogène qui a mal tourné. Tout a commencé, selon lui, par la mort mardi soir de deux hommes du MPC, dans deux évènements distincts.
Selon Abel Balenguélé, quand des éléments du MPC vont récupérer le deuxième corps au site de l'évêché, ils ont essuyé des tirs nourris : « Avant d’atteindre le site, nos éléments ont essuyé des coups de feu. Il y a deux hommes qui sont morts et les autres ont demandé à la Minusca (la mission onusienne) des tirs de sommations pour disperser les assaillants afin de permettre aux nôtres d’aller récupérer le corps. C’est ainsi que les nôtres sont allés jusque quand le camp pour récupérer le corps, à ce moment-là, les coups de feu ont continué et les nôtres ont riposté. C’est comme ça qu’il y a eu des morts dans le camp ».
« Eléments infiltrés »
Toujours selon le MPC, les combattants sont alors venus massivement prêter main-forte à leurs éléments en difficultés sur le site de l'évêché. Abel Balenguélé rejette la responsabilité des violences sur des hommes armés non identifiés infiltrés : « Depuis un certain temps, certains éléments incontrôlés se sont infiltrés à Kaga-Bandoro pour faire de la provocation. Pour le moment, nous sommes en train d’enquêter pour déterminer exactement qui sont ces éléments. Est-ce que ce sont des éléments anti-balaka ? Parce que ça ne serait même pas compréhensible puisque nous sommes tous en train de concourir pour la paix ici ».
Le MPC dit avoir par ailleurs tout fait pour barrer la route aux pilleurs et s’est déployé dans la ville pour mettre fin aux pillages. Version qui contredit des témoignages sur place qui évoquaient ce jeudi une poursuite de ces pillages.
RCA: Kaga-Bandoro coupé en deux après les violences meurtrières
Publié le 13-10-2016 Modifié le 13-10-2016 à 23:38
Climat toujours très tendu à Kaga-Bandoro en Centrafrique. Des combattants de l'ex-Seleka en armes étaient toujours visibles jeudi 13 octobre en ville et selon des témoins, les pillages se sont poursuivis. Mercredi, ces combattants s'en sont pris en particulier au site de déplacés situé à l'évêché de la ville. Les bâtiments religieux ont été pillés ou détruits, tout comme les locaux appartenant à plusieurs ONG, et de nombreuses autres maisons ou abris de fortune, avant que la Minusca finisse par repousser les assaillants. Ces violences de mercredi ont fait 30 morts et une soixantaine de blessés, selon le dernier bilan fourni par la Minusca.
Mgr Tadeusz Kusy est l'évêque de Kaga-Bandoro depuis un peu plus de deux ans. Mercredi il n'était pas en ville quand les violences ont éclaté. Mais selon lui, il semble bien que l'Eglise catholique était ciblée par les assaillants. « Ce qui s’est passé (mercredi), nous l’avons pressenti il y a quatre semaines, rapporte-t-il. D’abord on a attaqué notre presbytère, la maison des prêtres le 13 ou le 14 septembre. Et puis les deux paroisses qui sont aussi à proximité du centre de Kaga-Bandoro ont aussi été attaquées, pillées. J’ai l’impression que c’est prémédité. Qu’il y a quelqu’un qui propose de provoquer ainsi l’Eglise. »
Aujourd'hui, le prélat décrit une ville plus que jamais coupée en deux. La défiance entre communautés chrétiennes et musulmanes s'est installée, enracinée. Pourtant personne n'est épargné par les exactions des groupes armés. « Les commerçants musulmans des quartiers de Kaga-Bandoro se plaignent des Seleka qui les séquestrent et qui les rançonnent 50 000 francs CFA par semaine ou leur demande 15 000 francs CFA par jour. Les commerçants de Kaga-Bandoro en ont aussi marre de tout ça », affirme-t-il.
« On se rend compte que nous n'avançons pas sur le chemin de la paix pour vivre ensemble », déplore Mgr Kusy. Par ailleurs, l'évêque ne cache pas non plus son amertume vis-à-vis des casques bleus de la Minusca qui, selon lui, ont trop tardé à réagir.