Centrafrique : Le mandat de la Minusca réajusté jusqu’au 15 novembre 2017
http://rjdh.org/ PAR BIENVENUE MARINA MOULOU-GNATHO LE 27 JUILLET 2016
BANGUI, 27 JUILLET 2016(RJDH) –Le conseil de sécurité des Nations-Unies a réajusté jusqu’au 15 novembre 2017, le mandat de la Minusca, à l’issue d’une nouvelle résolution, 2301 votée à l’unanimité mardi 26 juillet 2016. Le porte-parole de la Minusca, Vladimir Montéiro, a relevé que le nouveau mandat de la Minusca met l’accent sur le dialogue, la justice nationale et internationale, le trafic illicite des ressources naturelles, le Désarmement Démobilisation et Réinsertion, la réforme du Secteur de Sécurité et la Réconciliation nationale. Il l’a dit ce mercredi 27 Juillet lors de la rencontre avec la presse.
Selon le porte-parole de la Minusca Vladimir Montéiro, l’objectif de cette prorogation est de « réduire durablement la présence des groupes armés, et la menace qu’ils représentent dans le cadre d’une approche multidimensionnelle avec trois piliers à savoir : un dialogue politique nationale sans exclusif, le Désarmement Démobilisation et Réinsertion, la Réforme du Secteur de Sécurité et la réconciliation et enfin une assistance au gouvernement en matière de justice et de lutte contre l’impunité », a-t-il précisé.
D’après ce dernier, la spécificité de ce nouveau mandant se traduit par sa durée, « d’habitude, les mandats de résolution porte sur une année mais celle-ci dépasse une année. Car, il commence ce 26 juillet et prendra fin le 15 novembre 2017. C’est juste pour permettre à la Minusca d’accompagner les nouvelles institutions du pays. L’autre aspect est la hiérarchisation des tâches urgentes que la Minusca devra mener, comme la protection des civiles, la justice nationale et internationale à travers la création de la Cour Pénale Spéciale(CPS) et un accent particulier sur le trafic illicite des ressources naturelles », a souligné Vladimir Monteiro.
Des tâches supplémentaires telles que la coordination de l’assistance internationale et l’assistance au Comité visé par le paragraphe 57 de la résolution 2127 (2013) et au Groupe d’experts créé par la même résolution lui ont été également assignées.
La Minusca avait pris le relais de la force africaine Misca le 15 septembre 2014. Il s’agit là d’un premier réajustement des priorités après le retour à l’ordre constitutionnel de la Centrafrique, le 30 mars 2016.
Centrafrique : Abdou Dieng plaide pour un accompagnement de la Centrafrique et la consolidation de la paix
http://rjdh.org/ PAR JEAN FERNAND KOENA LE 27 JUILLET 2016
BANGUI, 27 Juillet 2016 (RJDH) — Abdou Dieng, directeur régional du Programme Alimentaire Mondial (PAM) pour l’Afrique Centrale et de l’Ouest, lors d’un point de presse qu’il a animé au bureau de cette institution mardi 26 juillet à Bangui a plaidé pour le financement des actions humanitaires en Centrafrique. C’est un plaidoyer lancé après une visite de quatre jours dans le pays.
« La communauté humanitaire a lancé un appel au début de l’année pour demander environ 600 000 de dollars pour régler le problème humanitaire dans le pays et malheureusement cet appel n’est financé aujourd’hui qu’aux alentours de 25%. Et ça je le dis pour rappeler aux différents partenaires qui veulent appuyer la Centrafrique que les problèmes humanitaires demeurent », c’est en ces termes que Abdou Dieng a lancé son plaidoyer.
Préoccupé, Abdou Dieng interpelle les partenaires: « L’appui humanitaire fait partie des éléments pour consolider la paix bien entendu ».
Le directeur régional est optimiste face aux défis et formule le vœu de voir s’attaquer au problème de fond, « il faut commencer à régler les questions du développement, il faut que les travailleurs retournent dans leur lieu de travail, dans les préfectures, les sous-préfectures et les villages. Que les écoles continuent, il faut que les hôpitaux fonctionnent. Donc, il y a encore des défis mais il y a de l’espoir », a-t-il martelé.
Il a en outre salué l’amélioration de la situation sécuritaire et condamne les violences perpétrées contre les humanitaires dans le pays, « nous condamnons toute forme de violence. Il faut se dire que ces violences n’ont pas leur place, les humanitaires sont dans le pays pour aider les populations de sortir de la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui », a-t-il lancé.
Le PAM entend aider le gouvernement dans le domaine agricole en faisant la promotion des achats locaux auprès des petits producteurs et le renforcement de leur capacité, selon une source proche de cette institution onusienne.
Cette visite de quatre jours lui a permis de rencontrer les différents partenaires de la République Centrafricaine et le chef de l’Etat. Le PAM assiste environ 500.000 et 600.000 personnes chaque mois à travers les distributions générales de vivre et de coupons alimentaires.
Centrafrique : La situation des droits de l’homme préoccupante, la LCDH exige la levée de l’embargo sur les FACA
http://rjdh.org/ PAR JUDICAEL YONGO LE 27 JUILLET 2016
BANGUI, 27 Juillet 2016(RJDH) — La question des Droits de l’Homme en République Centrafricaine reste encore préoccupante, selon Joseph Bindoumi, Président de la Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme. Une situation qui s’explique par l’insécurité dans une partie de la capitale et dans certaines villes du pays. Il envisage pour sa part un dialogue véritable et sincère entre le peuple centrafricain. Un souhait exprimé dans une interview accordée au RJDH.
RJDH : Monsieur Joseph Bindoumi, vous êtes le Président de la Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme. Quelle lecture faites-vous de la question des Droits de l’Homme en République Centrafricaine ?
JB : Vous savez que nous avons connu des violences graves dans ce pays. Tout est en œuvre pour que nous sortions de ces violences. Mais il faut reconnaitre que la RCA reste encore préoccupante par l’ensemble des violations des Droits de l’Homme. Dans la capitale ces derniers temps, il y a la prise d’otage au km5, à l’intérieur du pays surtout à Bambari, des affrontements ont opposé les belligérants, à Kaga-Bandoro, et à Abba au niveau de la frontière, des groupes armés qui sévissent en ce moment au nom des peulhs. Et donc, la situation des Droits de l’Homme est toujours préoccupante.
RJDH : Quelle est la position de la Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme face à la montée de la criminalité en République Centrafricaine ?
JB : La Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme n’a jamais quitté ce pays, ni s’absenté de toutes les violences qui se passent jusqu’aujourd’hui. Nous sommes sur toute l’étendue du territoire national, et elle dispose plus de 7.000 membres. Malgré que certains bureaux de cette institution aient été saccagés pendant les crises, mais au moins nos militants rapportent ce qui passent du jour en jour. Nous sommes en train de mettre en place plusieurs projets avec les organisations internationales comme, Cordaid et la Fédération internationale de ligue des Droits de l’Homme et autres pour essayer de rapprocher les victimes de conflits afin de faire la cohésion sociale entre les groupes armés. Nous restons très vigilants de peur que les violences qui se déroulent maintenant ne puissent pas être perdues de vue au moment venu où les bourreaux auront des comptes à rendre.
RJDH : Est-ce qu’aujourd’hui est-il nécessaire de passer par le dialogue pour rétablir la sécurité sur l’ensemble du territoire national puisque les groupes armés détiennent encore des armes?
JB : Vous savez, les violences arrivent comme une maladie, mais elles réparent tout doucement. En principe dans un pays, c’est de dialoguer, il faut savoir dialoguer je veux entendre l’autre, c’est le principe dans une république.
RJDH : Mais monsieur Joseph Bindoumi plusieurs dialogues ont eu lieu dans ce pays-là et qui demeurent encore sans réponses ?
JB : Moi en tant que défenseur des Droits de l’Homme, je privilégie le dialogue. Je sais qu’il y a des irréductibles des gens qui pensent que pour être entendu, il faut tirer des coups de feu.
RJDH : Alors en ce temps-là des personnes perdent leurs vies Monsieur Joseph Bindoumi ?
JB : Ouaih ! Des gens meurent c’est vrai, mais nous, nous disons que le dialogue tel qu’on le fait c’est le dialogue franc. Le dialogue, ce n’est pas la faiblesse. Donc, il faut dire à quelqu’un que sa position n’est pas la bonne et qu’il doit arrêter ça. Le dialogue sera bon. Mais si on dit bon comme il a des kalachnikovs, il est fort qu’il faut qu’on lui donne une enveloppe pour qu’il se calme, et on va lui faire le DDR. Si on parle aux gens de cette manière, on donnera l’impression aux groupes que le seul moyen de leur communication ce sont les armes.
RJDH : En date du 4 juillet 2016, une trentaine des organisations nationales de la société civile ont signé un document dans lequel vous demandez au gouvernement de réagir en toute urgence sur la question sécuritaire !
JB : La Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme fait partie des signataires de ce document. Nous avons remarqué qu’on commençait à s’installer dans les violences avec ce qui s’est passé au km5 et dans certaines régions du pays et nous avons dit que le gouvernement doit hausser le ton en sortant les militaires centrafricains pour qu’ils protègent le peuple. La RCA est un pays membre des Nations-Unies. S’il y a un problème, pourquoi on doit maintenir la RCA indéfiniment sous embargo ? Aujourd’hui, si on répète à chaque fois et on met la RCA dans l’impossibilité d’exister en tant qu’Etat, cela ne devient plus une sanction mais une punition. A partir de ce moment-là, l’Etat se révolte contre le système des Nations-Unies. Aucun Etat n’a le droit de punir l’autre. Cet embargo doit être levé, si l’embargo n’est pas levé, l’embargo sera violé par la force du peuple centrafricain. Et nous de la société civile centrafricaine nous demandons au gouvernement de demander la levée de l’embargo en urgence.
RJDH : Joseph Bindoumi merci
JB : c’est moi qui vous remercie.
Propos recueillis par Judicaël Yongo