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11 avril 2016 1 11 /04 /avril /2016 18:24

 

POINT DE VUE

 

LE MONDE Le 11.04.2016 à 15h01

 

Il y a quelques jours, j’ai appris à mon réveil qu’une nouvelle horrible allégation visait, encore, des personnels de la mission des Nations unies en République centrafricaine, l’opération de maintien de la paix que je dirige. Je lis que des casques bleus sont soupçonnés d’avoir violé une jeune fille de 14 ans dans une petite ville située dans les contrées reculées du centre de ce pays. Alors que je commençais tout juste à réagir à cette nouvelle choquante, une série de nouvelles allégations datant de 2014 et 2015 était portée à mon attention par des collègues de l’Unicef et du HCR, l’agence de l’ONU en charge des réfugiés.

 

Il n’y a pas de mots assez forts pour décrire ma détresse à la découverte de ces allégations atroces. Je suis envahi d’un profond sentiment de désarroi mêlé de colère. Mes collègues de la Minusca et de l’ONU au siège partagent ce sentiment. Cependant, au-delà de l’ampleur de ce terrible fléau, il est de mon devoir d’y mettre un terme dans ma mission.

 

Transparence et responsabilité

 

Depuis mon arrivée dans la mission fin août 2015, je me suis engagé, et j’ai engagé la Minusca, à mettre en œuvre une politique de transparence et de responsabilité. J’ai parcouru des milliers de kilomètres à travers tout le pays, allant de base en base, de ville en ville, en portant inlassablement le même message, à savoir que les atteintes et exploitations sexuelles sont absolument inacceptables. A tout le personnel de l’ONU, civil ou en uniforme, j’ai rappelé nos obligations de protection envers les populations de la République centrafricaine.

 

Il s’agira d’un effort collectif. Ces derniers mois, j’ai été réconforté par l’adoption, le 11 mars par le Conseil de sécurité, de la résolution 2272. Elle vient renforcer l’engagement sans faille du secrétaire général en vue d’éradiquer les atteintes et exploitations sexuelles dans les missions de maintien de la paix.

 

Cette résolution prévoit que si dans un délai de six mois, les pays contributeurs de troupes ou de personnel de police n’ont pas effectivement poursuivi leurs personnels soupçonnés d’atteintes, ils s’exposent à la décision de renvoi par le secrétaire général d’unités entières de leur contingent. Une mesure qu’il a d’ailleurs récemment mise en œuvre pour les troupes de la République démocratique du Congo et de la République du Congo.

 

Silence révolu

 

De notre côté, j’ai fait de la lutte contre les atteintes et exploitations sexuelles l’une des priorités absolues de ma mission. Une équipe spécialisée a été instituée. La force et la police de la Minusca patrouillent les alentours des camps de la mission afin de surveiller les activités de nos personnels en uniforme en dehors des heures de travail. Par ailleurs. des équipes régionales conjointes de prévention d’atteintes et d’exploitations sexuelles ont été créées dans les trois sièges régionaux et dans nos bureaux locaux comprenant une présence importante de troupes. Voilà autant de pas dans la bonne direction, mais il y aura probablement d’autres jours sombres avant de voir la lumière au bout du tunnel.

 

Par-dessus tout, nous devons placer les victimes au cœur de nos efforts. Dans un souci de leur garantir les meilleurs soins, une aide d’urgence est mise à leur disposition, nous assurons la coordination étroite de l’appui à long terme avec les bureaux et agences de l’ONU et ses partenaires compétant en la matière. J’en suis conscient, le chemin à parcourir pour atteindre cet objectif sera long et difficile, principalement du fait de la nature de l’environnement dans lequel nous opérons.

 

Dans toutes mes conversations, que ce soit avec nos militaires et policiers ou bien avec les représentants des populations locales, je mets un point d’honneur à rappeler ce même message : les jours de silence sont révolus ; le moment est désormais venu d’aller de l’avant et de se mettre à la tâche. Le moment est venu pour le droit des victimes d’être traité en priorité.

 

Je continuerai à livrer cette bataille au nom de chaque femme, de chaque enfant, fille ou garçon, afin que plus jamais un enfant de 14 ans – l’âge de ma fille Eliwa – ne soit, dans ce pays, une victime d’atteinte ou d’exploitation sexuelle. Aucun effort ne doit être épargné afin de garantir que tous responsables soient identifiés, que les victimes obtiennent toute l’assistance qu’elles méritent, mais surtout – et c’est probablement le plus important – que les auteurs de ces crimes soient traduits en justice.

 

Parfait Onanga-Anyanga est le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la République centrafricaine.

Lu pour vous : Centrafrique : « La lutte contre les abus sexuels est une des priorités absolues de ma mission »
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