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22 février 2016 1 22 /02 /février /2016 05:32

 

 

 

http://www.liberation.fr/  Libération - 21 février 2016 à 19:01

 

Ce mathématicien, ex-Premier ministre de Bozizé, renversé en 2013, a battu dans les urnes le favori, Anicet Dologuélé. Il prend la tête d’un pays ravagé et exsangue.

 

Assis dans le petit salon de sa résidence, Faustin-Archange Touadéra affiche un sourire en coin. Celui du candidat que personne n’attendait. Et qui remporte une large victoire lors d’une élection présidentielle, avec près de 63 % des voix, selon les résultats provisoires annoncés samedi par l’Autorité nationale des élections (ANE). Dans la capitale centrafricaine, Bangui, après avoir été rivés à leurs postes de radio pendant plusieurs heures, les militants fanfaronnent et klaxonnent. Le futur président centrafricain, visiblement de bonne humeur, reste réservé. «C’est sur les actes qu’il faudra juger», aime-t-il répéter.

 

Humble.Visage rond, moustache peu fournie, vêtu d’une chemise à motifs colorés, Faustin-Archange Touadéra parle peu. «Mais il sait écouter», dit un diplomate sur place. Une qualité importante dans le climat actuel. Considéré comme un outsider de ce scrutin, l’homme de 58 ans n’est pas un inconnu dans son pays. Il a été pendant cinq ans Premier ministre (2008-2013) de l’ancien président François Bozizé, renversé en 2013 par un coup d’Etat. Ce mathématicien de formation, ancien recteur de l’université de Bangui, est généralement perçu comme un homme humble et intègre. Il a continué d’enseigner même lorsqu’il était à la tête du gouvernement. «Si c’est possible, je continuerai même en étant président, dit-il. Il y a un tel besoin de professeurs…»

 

Touadéra a mené une campagne discrète, disposant d’un budget beaucoup plus restreint que son rival, Anicet Dologuélé, arrivé en tête au premier tour avec 23 % des voix. «Il s’est appuyé sur ses réseaux et notamment les instituteurs du pays, explique le diplomate. Il est aussi apprécié des fonctionnaires car leurs salaires ont été payés lorsqu’il était Premier ministre.» Celui qui se présente comme «le candidat du peuple» a reçu le soutien de la plupart des candidats malheureux du premier tour de l’élection présidentielle, notamment celui de Martin Ziguélé, initialement perçu comme l’un des favoris, mais qui n’avait conquis que la quatrième position. Il a aussi remporté une large majorité des suffrages dans les fiefs du KNK, le parti de François Bozizé, bien que ses dirigeants aient appelé à voter pour Dologuélé en décembre.

 

«C’est un homme qui a le sens du devoir. C’est ce qu’il faut en Centrafrique», s’enthousiasme Barnabé Paboro, un technicien agricole à la retraite, qui a milité pour le vainqueur de l’élection. Certains sont un peu plus méfiants. «C’est quelqu’un de l’ancien régime, dit Abdoul Mouda, un commerçant du PK5, la dernière enclave musulmane de la ville. Il faudra qu’il prouve qu’il croyait en son discours sur la réconciliation, que ce n’était pas juste des mots pour sa campagne.»

 

La Centrafrique est un pays ravagé par trois ans de crise et de violences intercommunautaires. Les attentes sont immenses. Touadéra le sait. «Aujourd’hui, les gens ne se rendent pas aux champs parce qu’ils ont peur. Donc ils n’ont rien à manger. La priorité, c’est de rétablir la paix et de réconcilier les Centrafricains. C’est le préalable à tout, dit-il. Nous allons devoir très rapidement entamer des discussions avec les groupes armés pour qu’ils déposent les armes. Mais c’est un processus qui prendra du temps.»

 

«Reconstruire». Fils d’une famille de dix enfants, né à Bangui, dans le quartier populaire de Boy-Rabe, Touadéra rappelle que la crise centrafricaine ne l’a pas épargné : «Tout a été pillé ici, nous sommes encore en train de reconstruire.» En 2014, il doit se réfugier sur la base des Nations unies, où il passera six mois. Il prend ensuite un avion pour la France et s’installe à Lille, où sa femme et ses trois enfants résident toujours. «J’espère que la situation permettra bientôt qu’ils reviennent», dit-il.

 

Malgré les craintes initiales, le scrutin en République centrafricaine s’est déroulé sans violence. Les résultats doivent encore être validés par la Cour constitutionnelle, dans un délai de quinze jours. Mais le candidat perdant, Dologuélé, bien qu’il dénonce des fraudes, a déclaré le soir de l’annonce des résultats qu’il n’introduirait pas de recours. «Pour la paix.» Personne ne pourra l’accuser d’attiser des esprits qui semblent enfin s’apaiser. Compte tenu du large écart entre les candidats, une réclamation aurait de toute façon eu peu de chances d’aboutir. L’investiture de Touadéra devrait avoir lieu le 11 mars. Il hérite d’un pays en ruines, parmi les plus pauvres au monde, où 5 millions de Centrafricains, qu’ils aient voté Touadéra ou non, placent désormais leurs espoirs en lui. 

 

Par Patricia Huon

Lu pour vous : Faustin-Archange Touadéra, président surprise d’une Centrafrique en ruines
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