- Monsieur le Ministre de la Défense Nationale, Chargé de la Restructuration des Armées, des Anciens Combattants et Victimes de Guerre
- Monsieur le Ministre de la Sécurité Publique
- Mesdames et Messieurs les Conseillers nationaux,
- Distinguées personnalités,
Je tiens, avant tout, à exprimer à nos compatriotes qui connaissent dans leurs familles des cas de deuils et à tous ceux qui vivent en ce moment des moments difficiles liés aux différents évènements qui se poursuivent tant à Bangui que dans l’arrière pays, toutes les compassions du Conseil National de Transition.
Cette tragédie nationale qui devient chronique nous inquiète au plus haut point et trouve son origine dans l’insécurité endémique qui ne connait pas encore de fin.
Le Conseil National de Transition dans son parcours et conformément à ses prérogatives tirées de la Charte Constitutionnelle de Transition, a toujours attiré l’attention du Gouvernement sur la nécessité de tout mettre en œuvre en vue du rétablissement de la sécurité pour le bien de notre peuple et la sérénité nécessaire à l’organisation des élections.
Mais nous sommes tous témoins que le climat sécuritaire reste délétère avec ses implications tragiques que sont des nombreux morts, de milliers de déplacés internes et externes, des pillages systématiques des biens des particuliers, et l’incendie des maisons d’habitation des particuliers tant à Bangui (3ème et 6ème Arrondissements) que dans l’arrière pays (cas de la ville de Bambari depuis le week- end dernier).
- Comment nier tout cela ?
- Le Conseil National de Transition pouvait –il se taire devant ces tristes réalités en tant que Institution de transition représentant le peuple ?
Pour ceux qui ne le savent toujours pas, je rappelle que le Conseil National de Transition est le représentant du peuple. Il parle en son nom, vote les lois et contrôle l’action du Gouvernement.
Lorsqu’il survient des évènements tragiques dans le pays, le Conseil National de Transition est en droit de s’exprimer pour appeler l’attention du Gouvernement sur ce qu’il convient de faire s’il observe des limites dans les interventions de ce dernier.
Tel a été le sens de sa Déclaration rendue publique à l’issue des derniers évènements intervenus dans le 6ème arrondissement de Bangui.
En effet, les Conseillers Nationaux de Transition ont été appelés en concertation pour faire une analyse des évènements et étudier la manière de les arrêter durablement en relation avec le Gouvernement qui est l’institution responsable de la gestion de la sécurité.
Au cours de cette concertation, les Conseillers Nationaux de Transition se sont inquiétés de la dimension que prennent les évènements et la persistance des actes de violence qui continuent de se perpétrer en pleine capitale Bangui.
Ils ont fait le constat que les communautés s’entre tuent sans interposition des forces de défense et de sécurité.
Un regard critique a été aussi jeté sur le niveau d’intervention de la MINUSCA.
Une Déclaration a été conçue et publiée dans ce cadre.
Il s’agissait de demander à la MINUSCA de renforcer son intervention sur le terrain au regard de la persistance de la crise et de la nouvelle dimension qu’elle prend, d’une part, et de réarmer les Forces Armées Centrafricaines pour qu’elles participent aux opérations de pacification du pays.
Les Conseillers Nationaux de Transition ont aussi décidé d’organiser une marche pacifique pour exprimer leurs compassions.
L’objectif de cette marche qui était exclusivement limité aux Conseillers Nationaux de Transition n’était pas de troubler l’ordre public, encore moins de manipuler les populations contre le Pouvoir Exécutif.
Il s’agissait d’une manifestation républicaine constituant un véritable appui aux demandes exprimées par Madame le Chef de l’Etat de Transition, lesquelles demandes étaient déjà formulées par le Conseil National de Transition en son temps.
Comme vous pouvez vous en rendre compte, il s’agissait d’une Déclaration du Conseil National de Transition et non celle de Monsieur Alexandre Ferdinand N’GUENDET.
Mais pourquoi toute cette incompréhension et spectacle ridicule offert à travers un communiqué gouvernemental orienté exclusivement sur la personne du Président du Conseil National de Transition qui n’est que le porte voix des Conseillers Nationaux de Transition?
Du jamais vu dans l’histoire politique des institutions en République Centrafricaine.
Un Gouvernement qui refuse d’apprécier objectivement les réalités et qui se lance dans des diatribes ubuesques à un moment où le peuple exprime un besoin plus accru de sécurité et de tant bien d’autres besoins.
On parle de complot, de manipulations, de démagogies et que sais-je encore ?
Complot contre qui ? Pour prendre quel pouvoir ?
Le vrai détenteur du pouvoir dans ce pays, c’est le peuple et je l’ai toujours dit.
Le peuple n’a pas besoin de faire un coup d’état pour prendre un pouvoir qu’il détient déjà.
Cette obsession du gouvernement à regarder les complots partout l’empêche de se fixer sur l’essentiel et donner le meilleur de lui-même.
Les résultats de ses actions en matière de sécurité sont là : on continue de tuer et d’incendier les maisons dans les 3ème et 6ème arrondissements de Bangui et dans l’arrière pays (Cas de Bambari).
On ne dira pas au peuple meurtri que tout cela est faux et que le Conseil National de Transition raconte des histoires.
Le peuple Centrafricain est mature, on ne peut donc pas le manipuler.
C’est une insulte lancée à ce peuple que de dire qu’il est ouvert à la manipulation.
La démagogie non ! Le délai de sept (7) jours fixé en vue du réarmement des Forces Armées Centrafricaines traduisait le souci de voir les choses se mettre en place rapidement.
Ce n’était pas un ultimatum puisque nous connaissons les impératifs liés à la gestion de ce problème.
Je comprends, depuis, l’hostilité viscérale qui habite les personnages qui se cachent derrière le porte parole du gouvernement et leur ressentiment contre ma personne.
L’histoire retiendra que les actions du Conseil National de Transition, sous ma présidence, n’ont été guidées que par l’intérêt national. J’en veux pour preuve l’épuisement de la Feuille de Route du parlement de transition.
Le peuple est seul juge des résultats que chaque institution de la transition produit.
Mais, je n’accepterai jamais qu’on bâillonne le Conseil National de Transition ou que l’on revienne à l’ère de la pensée unique avec un parlement qui est le suppôt du Pouvoir Exécutif.
Nous allons certes vers des élections, mais cela n’empêche pas les institutions de continuer à jouer pleinement leurs rôles.
C’est tout ce que le Conseil National de Transition souhaite et qu’il demande au pouvoir Exécutif de respecter pour un fonctionnement harmonieux des institutions de la transition.
- Mesdames et Messieurs,
- Distinguées personnalités,
Je suis arrivé au terme de cet éclairage que j’ai cru nécessaire.
Je pensais que le Pouvoir Exécutif allait demander au Ministre en charge de la défense nationale de ne pas venir puisqu’il s’inscrit dans la logique de ne pas reconnaitre les prérogatives du Conseil National de Transition et de ne le considérer que comme l’institution qui dérange.
Avec vos présence, Messieurs les Ministres de la Défense Nationale et de la Sécurité Publique, je vois que la raison a pris le dessus.
L’heure n’étant plus aux palabres et disputes inutiles, je reviens aux motifs de l’interpellation.
Je donne la parole au Rapporteur Général du Conseil National de Transition pour la lecture de l’exposé de motif de cette interpellation.
Monsieur le rapporteur Général vous avez la parole !
CONSEIL NATIONAL DE TRANSITION
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
======= Unité – Dignité – Travail
PRESIDENCE =======
======
RAPPORTEUR GENERAL
=====
INTERPELLATION DE DEUX MEMBRES DU
GOUVERNEMENT DE TRANSITION :
- MINISTRE DE LA DEFENSE NATIONALE, CHARGE DE LA
RESTRUCTURATION DES ARMEES, DES ANCIENS COMBATTANTS ET VICTIMES DE GUERRE.
- MINISTRE DE LA SECURITE PUBLIQUE, DE L’EMIGRATION -
---------
Description sommaire de l’objet
Hémicycle, le 11 novembre 2015
Honorable Monsieur le Président du Conseil National de Transition, Chers Collègues Conseillers Nationaux, Mesdames, Messieurs.
Le Conseil National de Transition dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale procède aujourd’hui à l’interpellation de deux (2) Membres du Gouvernement aux fins d’obtenir d’eux, des informations sinon des éclaircissements sur les actions du Gouvernement dans le domaine de la sécurité qui préoccupe toute la population Centrafricaine.
En effet, la question sécuritaire, préoccupation constante du Conseil National de Transition, résonne de façon particulière au regard des derniers évènements.
C’est ce qui justifie ce jour, l’interpellation du Ministre de la Défense Nationale et celui de la Sécurité Publique.
Messieurs les Membres du Gouvernement,
Madame le Chef de l’Etat de la Transition dans sa déclaration en date du 02 novembre 2015 a reconnu les limites des actions des Forces Internationales. Aussi, avait-elle en sa qualité de Chef Suprême des Armées, donné des instructions pour que les Forces Armées Centrafricaines (FACA) soient réarmées aux fins d’être opérationnelles auprès des Forces Internationales.
Le Parlement de transition ne jouant que son rôle a apporté sa caution à cette décision salutaire de réarmement en organisant une marche pacifique.
Au cours de cette marche, les Représentants du peuple ont estimé urgent, au regard de la gravité de la situation sécuritaire, de fixer un délai d’une semaine au Gouvernement pour rendre exécutoire les instructions du Chef de l’Etat de la Transition.
Le Ministre de la Défense Nationale, conforté par ce soutien du Parlement a, lors de sa prise de fonction, rassurer la population en ces termes « Je demande à la population de se calmer. Vous avez votre Armée ». (Fin de citation).
Aujourd’hui, la Représentation Nationale voudrait savoir où en est-on avec l’opérationnalité des Forces Armées Centrafricaines (FACA) suite aux instructions du Chef d’Etat, Chef Suprême des Armées ?
Quant au Ministre de la Sécurité Publique, les Conseillers Nationaux aimeraient savoir si les Gendarmes et les Policiers sont-ils dans une posture de ramener la sécurité, au regard de la complexité de la situation sur le terrain ?
Le Ministre de la Sécurité peut-il dire si la population Centrafricaine, sans la présence de l’Armée peut-on compter sur la Gendarmerie et la Police ?
Tel est ici résumé, Honorable Monsieur le Président du Conseil National de Transition, Messieurs les Ministres, l’objet de l’interpellation de ce jour.
Fait à Bangui, le
P. Le Conseil National de Transition
Le Rapporteur Général
Thierry Patrick AKOLOZA