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30 septembre 2015 3 30 /09 /septembre /2015 15:06
«A Bangui, la moindre étincelle fait jaillir le feu»
«A Bangui, la moindre étincelle fait jaillir le feu»
«A Bangui, la moindre étincelle fait jaillir le feu»

 

 

VIOLENCES EN CENTRAFRIQUE

 

 

Par Maria Malagardis — Libération 30 septembre 2015 à 08:21 (mis à jour à 09:11)

 

La présidente de transition, Catherine Samba Panza, a dû regagner la Centrafrique plus tôt que prévu alors qu'elle se trouvait à New York. La capitale, Bangui, venait de sombrer à nouveau dans la violence.

 

 «A Bangui, la moindre étincelle fait jaillir le feu»

 

Leçon numéro un, à l’usage des présidents africains au pouvoir contesté ou instable : ne quitte jamais ton pays. Car c’est alors que le pire se produit. Après tant d’autres victimes de coups d’Etat ou d’insurrections in absentia, l’actuelle présidente centrafricaine, Catherine Samba Panza, a dû quitter New York, lundi, pour rentrer préciptamment à Bangui via Paris, où elle devrait en principe arriver mercredi matin.

 

La raison de ce retour en urgence : les violences qui ont embrasé la capitale de la Centrafrique depuis samedi. A l’issue d’un week-end meurtrier, on dénombrait ainsi «entre trente et quarante victimes», selon un responsable local de Médecins sans frontières (MSF), alors que plusieurs quartiers étaient dévastés par les pillages et les destructions. De son côté, l’Unicef a dénoncé l’attaque d’enfants sans défense, évoquant notamment le cas d’un adolescent décapité.

 

Les assaillants s’en sont également pris aux sièges de certaines ONG humanitaires comme Médecins du Monde, Première Urgence ou la Croix Rouge, qu’ils ont pillé, contraignant le personnel à fuir dans des convois caillassés par la foule. Mardi, le couvre-feu était toujours en place, mais la tension régnait encore sur la ville alors qu’on dénombrait deux nouveaux morts dans le quartier de Combattant, selon Radio France International (RFI).

 

«C’est désolant, la moindre étincelle fait jaillir le feu, et ruine tous les espoirs d’une normalisation de la situation», déplorait mardi un humanitaire joint par téléphone à Bangui. Depuis trois ans, Bangui est toujours restée une ville instable, vidée de la majorité de ses habitants de confession musulmane, lors des pogroms qui les ont contraint à l’exil entre la fin 2013 et le premier trimestre 2014.

 

Un gouvernement de transition dirigé par Samba Panza avait été désigné en janvier 2014 au son grésillant de la Maladie d’amour de Michel Sardou, qui retentissait alors dans la salle du parlement. Il est censé bientôt céder la place à un gouvernement élu. Mais de manière tacite, tout le monde a admis que les élections ne pourraient avoir lieu comme prévu le 18 octobre faute de préparation, même si aucun report n’a été officiellement annoncé.«On ne sait plus où on va et tout le monde se doutait que ça allait péter un jour où l’autre», confie un humanitaire qui travaille depuis longtemps sur place.

 

Prisonniers libérés

 

Dans cette ambiance confuse, c’est le meurtre d’un chauffeur de moto taxi qui a déclenché la dernière flambée de violences. Il aurait été égorgé samedi sur la «route des poussières», celle qui longe l’immense camp de déplacés de Mpoko, à proximité de l’aéroport. Alors que les autorités pensaient fermer définitivement le camp de Mpoko, ce dernier était en début de semaine à nouveau envahi par une nouvelle vague de milliers de déplacés, qui ont tout perdu lors des affrontements du week-end.

 

Car le meurtre du chauffeur, supposé de confession musulmane, a déchainé la colère du dernier carré de musulmans qui vivent encore dans le quartier de PK5 (ils étaient plus de 100 000 à y vivre jusqu’en 2014, mais ne sont plus que 3 500 actuellement). Et selon un cycle bien rodé, la vengeance des musulmans a entraîné les représailles des anti-Balaka, ces milices prétenduement chrétiennes qui sont apparues au début de la crise centrafricaine, mais que certains soupçonnent d’être aux ordres de l’ancien président François Bozizé, aujourd’hui en exil aprés avoir été chassé du pouvoir en mars 2013. C’est d’ailleur la main de Bozizé que les autorités de transition ont vite dénoncé derrière les«provocations» du week-end, rappelant que l’ex-homme fort du pays n’a jamais renoncé à revenir au pouvoir, se déclarant même candidat au prochaines élections à la date encore incertaine. Signe inquiétant : lundi soir, la prison de Ngaregba a été attaquée et la plupart des prisonniers ont été libérés par des manifestants hostiles au pouvoir, comme à la force internationale censée garantir un semblant de paix dans ce pays où les armes prolifèrent.

 

«A Bangui, on peut obtenir une grenade pour moins d’un euro. Résultat, on la dégoupille à la première querelle et ça part plus vite qu’une gifle», explique un expatrié joint également par téléphone. De combattant à bandit de grand chemin, la frontière est vite franchie en Centrafrique, où les convois humanitaires sont souvent attaqués. La Minusca, la force d’interposition internationale, n’a jamais réussi à désarmer les factions en présence et ses interventions musclées conduisent parfois à des bavures. Comme celle dans le quartier de PK5 debut août, lorsque, aprés le viol d’une fillette par des casques bleus, Babacar Gueye, le représentant de l’ONU en Centrafrique, avait dû démissionner. D’autres cas de viols ont également été attribués à Sangaris, la force française sur place. Laquelle pliait officiellement bagages ces jours-ci avec un bilan mitigé. «Mais quand les violences ont commencé samedi, ils ont dû remonter dare-dare l’hélicoptère qu’ils venaient de démonter», croit savoir un expatrié à Bangui.

 

A New York, Catherine Samba Panza aurait dû assister à une réunion sur la Centrafrique organisée par les Nations Unies. Selon France 24, un conseiller de la présidente centrafricaine évoquait lundi «une tentative de putsch» avant de partir pour Bangui, via Paris.

 

Maria Malagardis

 

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