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31 août 2014 7 31 /08 /août /2014 18:31

 

 

 

 

 

 

http://www.lnc.nc/   lundi 01 septembre 2014 à 03H00

 

Tevai Teamo, 29 ans est l’un des deux soldats tahitiens blessés le 20 août à Bangui. Hospitalisé dans le Val-de-Marne, il se remet doucement de ses blessures en attendant de rentrer en Alsace, auprès de sa femme et de son bébé, avant de repartir en mission.

 

Les heurts ont été très violents les 19 et 20 août, à Bangui, entre les militaires français et des groupes armés. Des grenades ont été lancées. Qu’en est-il de vos blessures ?

 

Tevai Teamo : Une grenade a tapé au niveau de ma jambe droite. Des éclats ont frappé toute ma jambe, du pied jusqu’à la cuisse. Je ne peux plus marcher pour le moment mais, après six jours d’hospitalisation, j’ai déjà des séances de kiné. J’espère retrouver ma mobilité. Je ne connais pas encore la date de ma sortie.

 

 Que s’est-il passé ?

 

Dans un quartier musulman de Bangui, le 20 août, des groupes manifestaient depuis plusieurs heures, notamment contre la présence des militaires français. Ils bloquaient l’accès à l’arrondissement et on ne pouvait plus patrouiller. Ils avançaient et on reculait, jusqu’à ce qu’on ne recule plus. Ils étaient armés de grenades, de barres de fer et même de Kalachnikov. J’ai été le premier blessé. J’ai vu le mec dégoupiller la grenade et la lancer vers moi. De là, tout le monde a tiré.

 

Dans notre section, cinq hommes ont été blessés dont un autre Tahitien, le caporal-chef Edgar Renvoyé. Il a été touché à la cuisse gauche. Il a été hospitalisé à l’hôpital de Percy [hôpital militaire à Clamart, NDLR] mais il est sorti à présent. Sur place, nous avons été évacués rapidement. Juste sur notre position, il y a eu plusieurs morts du côté des groupes armés. J’ai été rapatrié en France le soir même.

 

Quelle était votre mission à Bangui ?

 

J’étais en mission avec Eufor-RCA [force opérationnelle dirigée par l’Union européenne en République centrafricaine, NDLR], engagée avec les Espagnols, les Italiens, les Polonais et les Géorgiens, pour un mandat de six mois. Cela faisait cinq mois que j’étais là-bas.

 

Avez-vous été sur d’autres conflits au cours de votre carrière ?

 

Je suis militaire depuis onze ans. Je suis allé notamment au Kosovo, au Liban, en Côte d’Ivoire et, bien sûr, en Centrafrique. L’armée m’a fait grandir. Je suis parti de Tahiti, j’avais à peine 18 ans. Je voulais m’engager, trouver un emploi stable et voyager. L’année prochaine, je passe un examen pour monter en grade. C’est la première fois que je suis blessé, mais je connais les dangers, bien évidemment. J’ai des copains qui ont été blessés et d’autres tués, comme dernièrement au Mali.

 

 

Mareva et Tamahana l’attendent à Sélestat

 

Tevai Teamo est marié et papa depuis le mois de janvier. Deux mois après la naissance de son petit garçon, il est parti en mission à Bangui. Il retrouvera prochainement sa petite famille qui habite à Sélestat, près de Colmar, en Alsace. « Depuis mon départ de Tahiti, Je n’y suis rentré qu’une fois pour le décès de mon frère. Je pense rentrer à la retraite », dit-il.

Douze victimes dans les rangs du 152e régiment

 

L’Agence France presse (AFP) rapportait, le 21 août dernier, que des heurts avaient opposé mardi et mercredi des soldats français à des individus armés au PK 5 dans le 3e arrondissement de Bangui, faisant au moins cinq morts et près de 40 blessés d’après une source hospitalière.

 

Selon des sources militaires, lors des affrontements du 20 août à Bangui, les militaires de la force européenne patrouillaient quand ils ont été attaqués par des individus en possession d’armes légères.

 

Les combats ont fait douze victimes dans les rangs du 152e régiment d’infanterie de Colmar. Cinq soldats ont été blessés. Les autres souffrent de troubles auditifs. 160 militaires de la 4e compagnie du 152e régiment d’infanterie opèrent actuellement à Bangui dans le cadre du dispositif de l’Eufor. Leur retour à Colmar est prévu fin septembre ou début octobre.

 

La France, dans le cadre de l’opération Sangaris et au sein de l’Eufor (dont l’objectif est d’assurer la sécurisation dans la zone de Bangui) tente d’appuyer les personnalités les plus modérées de chaque camp, les Séléka (majoritairement musulmans) et les anti-balaka (milices d’autodéfense, majoritairement chrétiennes, mises en place par des paysans) mais son influence sur le terrain est contestée. À partir du 15 septembre, la Minusca (Mission des Nations unies pour la stabilisation en RCA) doit se substituer progressivement aux forces internationales (française, européenne et africaine) déployées depuis fin 2013.

 

Propos recueillis par La Dépêche de Tahiti

Lu pour vous : « J’AI VU LE MEC DÉGOUPILLER SA GRENADE ET LA LANCER VERS MOI »
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