La montagne centrafricaine avec son gouvernement de Transition, ses « partis politiques alimentaires », sa « Séléka », ses Antibalaka, sa société civile, ses multiples déplacements à l’étranger a finalement accouché d’une souris. Ou d’un souriceau, mais tellement enflé ( 31 ministres) comme la grenouille de la fable qu’il va finir par éclater .
Le gouvernement Kamoun avec ses doublons fait plus penser à une auberge espagnole qu’à un gouvernement de combat pour sortir la RCA de la guerre, de la misère et de la pauvreté . C’est un gouvernement atypique, dirigé par une personnalité interdite de séjour aux Etats-Unis d’Amérique qui abritent l’ONU et les institutions de Bretton Woods (FMI, Banque Mondiale). Il n’a pas fait l’unanimité avant et après sa formation. La « Séléka » comme il fallait s’y attendre le désavoue malgré la part du lion réservée à ses cadres qui n’ont rien prouvé jusque-là. Cela n’est pas fait pour nous surprendre. La « Séléka » aurait désavoué n’importe quel autre gouvernement. C’est l’essence même de cette nébuleuse cooptée à l’étranger, financée, entraînée et envoyée en RCA pour la déstabiliser. Elle fait ce pour quoi ses commanditaires l’ont façonnée. Elle remplit sa part du contrat en suscitant une autre candidature et en inondant Internet et les journaux complaisants de ses communiqués insipides et redondants.
Nous nous garderons bien de critiquer le nouveau gouvernement (17 ministres maintenus sur 31 !) en attendant la déclaration de politique générale du Premier ministre et les premières mesures mises en place pour ramener la paix et la sécurité en RCA . Pour cela, le Premier ministre doit être clair, net et sans ambiguïté contre tous les porteurs d’armes en Centrafrique . Il peut s’appuyer sur les nombreuses Résolutions votées à l’ONU en faveur de la RCA pour mettre à contribution les forces internationales présentes ou à venir.
La France qui vante ses hélicoptères Fennec, Gazelle et Puma en Centrafrique doit être mise devant ses responsabilités . A quoi servent ces engins de guerre moderne si ce n’est pour protéger les populations civiles centrafricaines ? C’est le cas de rappeler ici qu’aucune force non conventionnelle centrafricaine ne dispose de couverture aérienne . En laissant massacrer les populations civiles centrafricaines à l’ère des drones, des écoutes électroniques sophistiquées, la France retombe dans un travers qui nous rappelle le Rwanda de triste mémoire.
L’actualité brûlante en Irak, en Ukraine et à Gaza a momentanément éclipsé la RCA du devant de la scène mais ce qui s’y passe reste douloureusement atroce : chaque jour qui passe apporte le deuil dans des dizaines de foyers centrafricains. On parle alors pudiquement de civils tués par des hommes armés. Mais tous les Centrafricains savent qui tue en RCA !
Nous relevons une curiosité au passage : tout le monde, y compris le journal Le Monde a présenté la guerre en Centrafrique comme une guerre religieuse opposant des musulmans aux chrétiens. Paradoxalement, le monde occidental chrétien qui a laissé tuer des chrétiens en Centrafrique est aujourd’hui vent debout pour venir en aide aux chrétiens d’Orient menacés par les djihadistes en Irak et en Syrie. Les premiers réfugiés chrétiens d’Irak sont déjà arrivés à Paris, accueillis par le Ministre des Affaires Etrangères en personne. Alors, deux types de chrétiens ? Deux poids, deux mesures ? La ficelle est trop grosse …
La Présidente de la Transition centrafricaine peut emprunter les chemins les plus tortueux, utiliser des ruses de Sioux pour finir par nous sortir de son chapeau un membre de son propre cabinet, doubler tous les postes ministériels pour offrir des rentes appréciables à des intrigants ou à des amis, se mettre à dos toute la sous-région et la communauté internationale etc…nous la jugerons sur pièce . Enfin, nous empruntons au chanteur ivoirien Gadji Celi cette strophe pour conclure cette tribune :
« C’est le seul pays de ma vie
Si tu le détruis
Je ne saurai plus où partir » (1)
David KOULAYOM-MASSYO Reims, 26 Août, 2014