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1 mai 2014 4 01 /05 /mai /2014 20:18

 

 

 

 

 

 

http://www.afriqueexpansion.com/   Jeudi, 01 Mai 2014 11:41 AEM – AFP   Par Joris FIORITI

 

BANGUI, République centrafricaine - Des siècles de vie commune puis la cohabitation devient impossible : l'hostilité entre chrétiens et musulmans croit invariablement sur le territoire de la Centrafrique, au fil d'exactions commises par les deux camps, rendant très hypothétique toute réconciliation.

 

Des milliers de morts séparent les deux communautés, en dépit du déploiement des forces africaine et française.

 

Nombre de chrétiens, qui représentent 80% de la population, utilisent le mot "Séléka" pour désigner les musulmans, en référence à cette rébellion venue du nord musulman et du Tchad voisin, qui prit le pouvoir de mars 2013 à janvier 2014, multipliant les exactions, surtout contre les chrétiens.

 

Les musulmans appellent de leur côté les chrétiens "anti-balaka", du nom de ces milices pro-chrétiennes, extrêmement sanglantes, qui ont commis ensuite les pires atrocités, visant particulièrement des musulmans, pour se venger de la Séléka.

 

Séléka et anti-balaka ne représentent pourtant qu'une partie infime des musulmans et des chrétiens.

 

Mais aux horreurs des uns répondent les malheurs des autres. Quatorze mille musulmans, encerclés par des chrétiens parmi lesquels les anti-balaka font la loi, sont méthodiquement affamés à Boda (ouest).

 

À Bouca (centre), 4.000 chrétiens vivent depuis sept mois dans la boue d'une paroisse, terrorisés par la Séléka. Plus de 1.800 maisons ont été incendiées. Quelque 120 chrétiens sont morts, contre une quarantaine de musulmans, tués par les anti-balaka.

 

À Grimari (centre), 4.600 chrétiens s'étaient également réfugiés la semaine dernière dans une paroisse, alors que Séléka et anti-balaka s'affrontaient. Les musulmans étaient presque absents, femmes et enfants ayant déjà été évacués au Tchad.

 

Les massacres intercommunautaires ont été les plus violents à Bangui, où plus de 90% des 60 à 80.000 musulmans ont fui la capitale.

 

Quelque 1.300 d'entre eux, qui se terraient depuis cinq mois dans l'insalubre quartier de Bangui, au PK-12, ont pris le départ dimanche pour le nord du pays.

 

A moment de leur départ, des centaines de chrétiens ont accouru, hurlant leur haine des musulmans, pillant méthodiquement leurs biens.

 

Les partants, victimes de la cruauté des anti-balaka, qui avaient tué 18 d'entre eux, ont toutefois laissé trois charges explosives dans et autour de leur mosquée, dont ils avaient pourtant exigé la protection.

 

Leur convoi a été attaqué dimanche par des anti-balaka, faisant deux morts et six blessés.

 

Explication historique

 

"La réconciliation est impossible", avaient estimé les leaders du PK-12, interrogés par l'AFP, quelques jours avant l'exode.

 

"Maintenant, il ne reste plus que kilo 5", soit le PK-5, dernier endroit de Bangui où vivent encore quelques milliers de musulmans, menaçait dimanche soir un chef anti-balaka, grenade à la main.

 

Autorités et dignitaires religieux appellent les populations à se parler à nouveau. Mais celles-ci ne les écoutent guère, demandant au mieux la paix, mais n'exigeant pas la réconciliation.

 

La méfiance est la règle même dans les coins les plus calmes. A Bambari, leaders chrétiens et musulmans ont lancé une plate-forme de dialogue et une radio multi-confessionnelle pour promouvoir l'harmonie dans leur ville du centre du pays.

 

Mais les nombreux crimes commis par la Séléka à Bambari restent dans les mémoires. Les chrétiens se plaignent des agissements du général anciennement en charge de Bambari, qui se faisait appeler "Ben Laden".

 

"Au début, l'entente catholique-musulmans était bonne. Elle s'est progressivement détériorée avec les pillages. Quand on volait chez les catholiques, on emmenait (le butin) chez les musulmans, qui eux n'étaient pas inquiétés", se souvient l'abbé Firmin.

 

Un argumentaire repris par de nombreux chrétiens interrogés par l'AFP en Centrafrique pour justifier leur méfiance à l'encontre des musulmans.

 

Ceux-ci, à Bambari, disent avoir aussi été "victimes" des Séléka.

 

Et leurs leaders de lister le pillage de magasins, voitures, bétail, appartenant à des musulmans, ou encore le tabassage de l'imam local, coupable d'avoir prêché contre la Séléka. Des chrétiens auraient également profité des ex-rebelles, accusent-ils.

 

Alors que des anti-balaka se rapprochent de Bambari, le "fossé" se creuse entre les deux communautés, constate l'abbé Firmin.

 

"Nous ne partirons pas. Il y a des balaka (machettes) dans tous les magasins. On ira aussi en acheter", avertit le chef du comité islamique de Bambari.

 

Interrogée sur le problème religieux, la ministre de la Réconciliation tente d'en minimiser l'ampleur, mettant en avant la volonté des personnes interviewées de plaire aux journalistes étrangers.

 

"Vous êtes assimilées à des personnes attirées par le religieux. C'est pour cela qu'on vous sert cela", explique Antoinette Montaigne. "Mais à moi, personne n'en parle."

 

Un diplomate présente une explication historique du problème. "Sous l'ère coloniale, l'administration était réservée aux chrétiens. Les non-chrétiens avaient accès à l'artisanat et au commerce."

 

Des musulmans ont ainsi fait fortune, notamment grâce au diamant. "Leur richesse" a suscité la "jalousie" des chrétiens, estime-t-il.

 

"Et puis il y a la différence. On a toujours l'impression que l'autre vous vole. Cette irrationalité", observe ce diplomate, qui tranche : "plus ce sentiment était fort, plus les exactions l'ont été".

 

En Centrafrique, un abîme religieux se creuse, la réconciliation hypothéquée
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