14/05/14 (AFP)
La photographe française Camille Lepage, qui effectuait un reportage en Centrafrique, a été tuée dans une embuscade qui a fait au moins dix morts parmi les milices chrétiennes anti-balaka et d'ex-rebelles Séléka dans l'Ouest, a affirmé mercredi à l'AFP une source de la gendarmerie de Bouar. "L'embuscade qui a coûté la vie à la journaliste a eu lieu à Gallo, un village situé sur l'axe Bouar-Garoua-Boulaï (Cameroun). Il y a eu des affrontements qui ont duré plus d'une demi-heure et ont fait au moins dix morts, dont quatre anti-balaka et six ex-Séléka et peuls armés", ces derniers ayant tendu l'embuscade, a affirmé cette source.
"Les anti-balaka basés à Bouar et à Cantonnier à la frontière avec le Cameroun, effectuent des patrouilles sur ce tronçon, et ont eu à plusieurs reprises des accrochages meurtriers avec des ex-Séléka et peuls armés", a-t-elle précisé sous couvert d'anonymat.
Mardi soir, une source militaire française avait également fait état d'une embuscade. "Cela date de deux jours. Camille Lepage était en compagnie des anti-balaka pour son reportage. Ils seraient tombés dans une embuscade certainement tendue par des éléments armés qui écument la région. Elle a subi des tirs et les anti-balaka ont remonté le corps ainsi que ceux de leurs compagnons. Une enquête est ouverte pour déterminer les circonstances exactes de son décès", a expliqué mardi cette source militaire, qui a demandé à rester anonyme.
Le président François Hollande a lui-même annoncé mardi dans un communiqué le décès de la jeune femme et a promis de mettre en oeuvre "tous les moyens nécessaires pour faire la lumière sur les circonstances de cet assassinat et retrouver les meurtriers".
La Centrafrique a sombré dans le chaos et les violences intercommunautaires, lorsque l'ex-rébellion Séléka, à majorité musulmane, a pris brièvement le pouvoir entre mars 2013 et janvier 2014 dans un pays composé à 80% de chrétiens, multipliant les exactions. Dites "anti-balaka", des milices chrétiennes hostiles aux Séléka et plus généralement aux musulmans, se sont formées, semant elles aussi la terreur parmi les civils.
Le corps de la jeune journaliste Camille Lepage ramené mercredi à Bangui, Paris ouvre une enquête
14/05/14 (AFP)
Le corps de la jeune journaliste française Camille Lepage, 26 ans, tuée lors d'un reportage en brousse en Centrafrique avec les milices anti-balaka, devait être ramené mercredi à Bangui, en attendant de connaître les circonstances exactes de sa mort lors d'une embuscade. Le parquet de Paris a ouvert mercredi une enquête préliminaire sur sa mort, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.
La dépouille mortelle de la photographe devait arriver à l'aéroport de Bangui en début de matinée, vers 8H30 GMT. Une première autopsie doit être pratiquée sur le corps avant son rapatriement vers Paris, selon une source diplomatique.
Selon des sources concordantes, la jeune femme a été tuée lors d'une embuscade dans la région de Bouar (Ouest), près du Cameroun et du Tchad. "Cela date de deux jours. Camille Lepage était en compagnie des anti-balaka pour son reportage. Ils seraient tombés dans une embuscade certainement tendue par des éléments armés qui écument la région. Elle a subi des tirs et les anti-balaka ont remonté le corps ainsi que ceux de leurs compagnons. Une enquête est ouverte pour déterminer les circonstances exactes de son décès", a expliqué mardi soir une source militaire, qui a demandé à rester anonyme.
Selon une source de la gendarmerie de Bouar, "l'embuscade qui a coûté la vie à la journaliste a eu lieu à Gallo, un village situé sur l'axe Bouar-Garoua-Boulaï (Cameroun)", à une soixantaine de km de Bouar.
"Il y a eu des affrontements qui ont duré plus d'une demi-heure et ont fait au moins dix morts, dont quatre anti-balaka et six ex-Séléka et peuls armés", a-t-elle ajouté sous couvert d'anonymat. "Les anti-balaka basés à Bouar et à Cantonnier à la frontière avec le Cameroun, effectuent des patrouilles sur ce tronçon, et ont eu à plusieurs reprises des accrochages meurtriers avec des ex-Séléka et peuls armés", a-t-elle précisé.
Le président François Hollande, qui a annoncé mardi soir le décès de la jeune femme, a promis de mettre en oeuvre "tous les moyens nécessaires pour faire la lumière sur les circonstances de cet assassinat et retrouver les meurtriers". - Pas de gilet par-balle - Selon Paris, c'est une patrouille de la force française Sangaris qui a découvert la dépouille de la photographe lors d'un contrôle sur un véhicule conduit par des éléments anti-balaka.
La jeune photographe "ne portait pas de gilet par-balle" au moment de sa mort, selon une source au ministère de la Communication à Bangui. "Camille Lepage était déjà venue en décembre lors des évènements survenus dans la capitale centrafricaine après l'attaque des anti-balaka. Elle prenait des risques pour son faire son travail. Son attention a même été attirée sur les risques auxquels elle s'exposait", a commenté la source militaire française.
Le nord-ouest de la Centrafrique, où la journaliste effectuait son dernier reportage, est l'une des régions les plus touchées par les affrontements intercommunautaires et les affrontements entre groupes armés depuis le début du conflit il y a un an.
La Centrafrique a sombré dans le chaos et les violences intercommunautaires, lorsque l'ex-rébellion Séléka, à majorité musulmane, a pris brièvement le pouvoir entre mars 2013 et janvier 2014 dans un pays composé à 80% de chrétiens, multipliant les exactions. Les "anti-balaka", des milices chrétiennes hostiles aux Séléka et plus généralement aux musulmans, se sont formées, semant elles aussi la terreur parmi les civils.
"Camille, c'était une jeune femme passionnée par ce qu'elle faisait. Elle en avait envie depuis une dizaine d'année du photojournalisme", a confié mercredi à l'AFP sa mère, Maryvonne Lepage, à Angers, parlant d'"une force de caractère impressionnante". "Elle était toujours dans cette logique d'aller sur des conflits où les médias n'allaient pas. Les conflits oubliés. Et elle recherchait des journaux assez libres de pensée", a ajouté Mme Lepage.
A son arrivée à Juba en 2012, la jeune femme avait notamment collaboré avec l'AFP, dont le responsable photo pour l'Afrique de l'Est, Carl de Souza, a gardé le souvenir d'une jeune femme "très enthousiaste et avide d'apprendre". "Ce n'était pas du tout une tête brûlée. Elle savait exactement ce qu'elle faisait", a assuré à l'AFP Virginie Terrasse, cofondatrice de l'agence Hans Lucas dont faisait partie Camille Lepage.
Camille Lepage voulait aller là où personne n'allait
14/05/14 (Le Figaro)
La jeune femme de 26 ans a été retrouvée morte par des militaires français en Centrafrique où elle couvrait le conflit entre catholiques et musulmans. Une enquête a été ouverte à Paris.
«Je ne peux pas accepter que des tragédies humaines soient tues simplement parce que personne ne peut faire d'argent grâce à elles», déclarait en octobre au site de photographie PetaPixel la photojournaliste Camille Lepage, tuée alors qu'elle effectuait un reportage en Centrafrique. La jeune femme, âgée de 26 ans, était dans le pays depuis septembre 2013, avant même l'arrivée des militaires français de la force Sangaris, chargée de maintenir le calme entre les milices catholiques et musulmanes. Mercredi, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour assassinat.
Originaire d'Angers, la jeune femme était diplômée de l'université de Southampton Solent, en Angleterre. Lors de ces études, elle a fait un stage dans la rédaction de Rue89. Pour l'obtenir, elle avait notamment indiqué, dans sa lettre de motivation, vouloir s'«orienter vers le journalisme indépendant avant tout [...], le seul digne de ce nom». «Elle était très motivée, et l'actualité internationale l'intéressait déjà beaucoup», se souvient Pascal Riché, cofondateur du site.
«C'était une vraie vocation»
C'est seulement après ses études que Camille Lepage décide de se consacrer à la photographie. «J'ai toujours aimé la photo mais je n'avais jamais pensé le faire professionnellement avant 2011», a-t-elle déclaré à PetaPixel. Diplômée en 2012, elle part s'installer au Sud-Soudan pour couvrir la naissance de ce pays. «J'ai toujours voulu aller là où personne ne veut aller et couvrir, en profondeur, les conflits.» Sur son site internet, elle expliquait son attrait pour les populations «laissées de côté, la plupart du temps, par leur gouvernement».
«Elle n'avait qu'une envie, c'était de témoigner des populations dont on ne parlait pas et qui étaient en danger. C'est pour ça qu'elle est allée au Sud-Soudan d'abord, à Juba. Puis elle est partie en Centrafrique», a raconté sa mère sur RTL. «Elle n'avait pas peur. Elle était passionnée. Elle avait la joie de vivre. C'était une vraie vocation».
«Selon ses confrères, elle s'est illustrée par son courage, allant toujours au devant de l'action, au contact des ex-Seleka dans les quartiers de Bangui ou couvrant les opérations de désarmement», rapporte Reporters sans Frontières qui lui avait prêté un gilet par balle avant son départ en République centrafricaine. «Ce n'était pas du tout une tête brûlée. Elle savait exactement ce qu'elle faisait», a souligné à l'AFP Virginie Terrasse, cofondatrice de l'agence Hans Lucas dont faisait partie Camille Lepage.
Isabelle Raynaud
http://www.lefigaro.fr/international/2014/05/14/01003-201405...
(photos de Camille Lepage dont une faite à Damara en février 2014 et au camp des déplacés de Bangui Mpok)