Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Sommaire

  • : centrafrique-presse
  • : informations générales sur la république centrafricaine et l'Afrique centrale
  • Contact

Recherche

Liens

29 avril 2014 2 29 /04 /avril /2014 01:11

 

 

 

 

par Caroline Paré RFI   28-04-2014 à 19:34

 

L'attaque qui a fait 22 morts samedi à Nanga Boguila, une ville à plus de 400 kilomètres de Bangui visait un centre médical de Médecins sans frontières. Parmi les victimes, quinze dirigeants locaux, trois employés locaux du site de l’ONG. Les rebelles de l'ex-Seleka ont été mis en cause. Nicolas Fuchs est le responsable de la mission d’Action contre la faim en Centrafrique.

 

RFI : Cette attaque est une nouvelle illustration du fait que dans le pays aucun lieu, aucune structure n’est épargnée ni même protégée.

 

Nicolas Fuchs : C’est bien évidemment un acte fortement condamnable, un incident de sécurité qui a touché les équipes de MSF. Ça nous inquiète fortement. Aujourd’hui, on n’arrive pas encore tout à fait à avoir toutes les informations et une compréhension complète de cet incident. Et on ne sait pas s’il va y avoir un changement de la dynamique. Ce qu’on a constaté jusque-là, c’est que c’est vrai qu’il y a de vrais problèmes d’insécurité, notamment au Nord. Mais globalement, ce qu’on a pu constater c’est qu’il n’y a pas forcément une volonté délibérée de s’attaquer aux humanitaires directement. Et on s‘attaque davantage aux humanitaires pour ce qu’ils ont, que pour ce qu’ils sont.

 

Là par exemple il y a eu des pillages.

 

Voilà, c’est plus vis-à-vis de nos moyens financiers ou matériels qu’on va être peut-être ciblés, que pour notre intervention.

 

Où avez-vous des équipes ? Où est-ce que ce genre d’attaque va vous pousser à prendre des mesures particulières de sécurité ?

 

Aujourd’hui, nous, on essaie effectivement d’avoir une compréhension la plus complète du contexte. Nos équipes interviennent notamment à Bossangoa, qui se trouve un petit peu plus au sud de Boguila, où est intervenu cet incident de sécurité. Aujourd’hui, ça nous empêche effectivement de remonter sur les axes vers le Nord par manque de visibilité et par les inquiétudes que cet incident a pu provoquer auprès de nos équipes.

 

Après cet attaque, travaillez-vous avec les autres organisations humanitaires ? Il y a des concertations. Est-ce que l’information remonte aussi vers les forces de protection, qu’il s’agisse de ceux de l’opération Sangaris ou bien des forces africaines ?

 

Bien sûr que nous, au sein de la communauté humanitaire, on partage ce type d’incident de sécurité. C’est dans l’intérêt de tout le monde d’avoir une compréhension la plus complète. Bien sûr que cet incident est reporté aux forces du maintien de la paix, que ce soit la Misca ou Sangaris. Et on espère que des mesures soient prises. L’incident est intervenu dans une zone qui, justement, est faiblement couverte par ces forces armées étrangères, ce qui donne effectivement l’espace à ces groupes armés d’agir en toute impunité.

 

Est-ce qu’il y a des zones aujourd’hui dans le pays qui sont vraiment davantage sécurisées ?

 

Il y a des zones qui sont plus sécurisées que d’autres. Moi, je parlerais plutôt des zones qui sont moins sécurisées. C’est essentiellement dans le nord du pays, notamment avec la frontière tchadienne, où l'on constate qu’il y a beaucoup d’incidents, ou alors de l’autre côté, plus vers le Nord-Est, où également la situation paraît un peu anarchique aujourd’hui en termes de sécurité.

 

Action contre la faim travaille sur les questions de nutrition. Que constatent aujourd’hui vos équipes sur le terrain ? La saison des pluies est déjà amorcée. Est-ce que les agriculteurs ont pu semer par exemple ?

 

C’est effectivement le temps des semis. Nous, ACF, on intervient à Bangui sur la prise en charge de la malnutrition la plus sévère. On prend en charge actuellement à peu près 1 900 enfants sur une vingtaine de sites. C’est un chiffre plutôt important, par rapport à la couverture que nous avons. La saison des pluies est effectivement assez problématique, elle laisse craindre une augmentation de l’insécurité alimentaire. La saison des pluies amenant effectivement avec elle une augmentation des cas de paludisme, des infections respiratoires, mais aussi des maladies diarrhéiques qui vont forcément avoir un impact sur le statut nutritionnel des enfants.

 

Vous parliez tout à l’heure de pillages puisque c’était le cas dans ce qui s’est passé là, au nord de Bangui, est-ce qu’il y a aujourd’hui des pillages pour simplement subvenir à ces besoins de nourriture, pour nourrir les enfants des familles aujourd’hui ?

 

Je ne sais pas si on peut vraiment décrire la situation de cette manière-là. Ce qui est évident, c’est que la crise économique, le manque de pouvoir d’achat, la présence de nombreuses armes et de groupes armés vont favoriser la criminalité et ce type d’actes va augmenter de plus en plus.

 

Est-ce qu’aujourd’hui vos équipes qui sont envoyées sur le terrain, souhaiteraient travailler sous protection ?

 

Nous, à notre niveau, ce n’est pas notre manière de fonctionner et on considère vraiment que l’utilisation d’escortes armées ou de gardes armés doivent être un dernier recours. La situation ne semble pas encore l’exiger. Il est encore possible aujourd’hui de travailler dans une grande partie du pays sans une utilisation de gardes armés. Il faut savoir que cette utilisation d’hommes en armes pourrait amener encore plus de confusion auprès des parties prenantes sur notre impartialité et notre neutralité. Donc, on souhaite l’éviter le maximum. Aujourd’hui, on sait que c’est encore possible de travailler sans, et on fera tout tant que ce sera possible pour éviter ce type de situation.

Humanitaires en RCA: «Il y a de vrais problèmes de sécurité au Nord»
Partager cet article
Repost0
Centrafrique-Presse.com