http://www.20minutes.fr/ Mis à jour le 05/04/2014 à 01h41
ARMEE – Près de 350 soldats du 13e BCA de Chambéry effectuent une mission de quatre mois, dans le cadre de l’opération Sangaris…
Partis depuis le 23 février, 350 soldats du 13e BCA (Bataillon de chasseurs alpins) de Chambéry (Savoie) sont actuellement déployés en Centrafrique, dans le cadre de l’opération Sangaris. Une mission de quatre mois visant à rétablir une sécurité minimale dans un pays déchiré par la guerre civile entre les milices de la Seleka, à dominante musulmane, et les groupes d’auto-défense chrétiens anti-balaka, et favoriser la montée en puissance de la Misca, la force africaine agissant sous mandat de l’ONU.
«Pas d’ennemi clairement identifié»
«On a plusieurs groupements tactiques», explique le colonel Deckert, qui commande le 13e BCA. «Deux d’entre eux doivent sécuriser des axes allant vers l’ouest et vers l’est. Les deux autres sont basés à Bangui et dans un village situé à 150 km de la capitale.» A Bangui, l’une des compagnies est «installée en plein cœur du 3e arrondissement, en lien permanent avec la population, les chefs de quartiers et les forces burundaises de la Misca. Nos journées consistent à patrouiller, fouiller des maisons, dresser des check-points et contrôler des véhicules, à la recherche d’armes.»
Mais contrairement aux chasseurs alpins du 7e BCA qui affrontent au Mali des djihadistes, le 13e BCA n’a «pas d’ennemi clairement identifié. Sur certaines opérations, on a été obligé de s’attaquer aux anti-balaka et nos convois ont essuyé des tirs. Quand on s’interpose entre musulmans et chrétiens, on est pris entre deux feux.» L’officier évoque une «situation très volatile, avec de nombreux pics de tension et quelques sursauts meurtriers. Les quinze premiers jours, on a vu beaucoup d’attentats à la grenade et d’affrontements à la kalachnikov. Depuis, ça s’est calmé.»
Des températures de 38°C et un taux d’humidité très élevé
Entraînés au combat en montagne, dans la neige et le froid, les chasseurs alpins ont dû s’habituer à la touffeur centrafricaine et aux missions en milieu urbain et dans la brousse. «En ce moment, il fait 38°C et on est au début de la saison des pluies, précise le colonel. C’est très éprouvant car il y a un taux d’humidité très élevé, qui accroît la fatigue. En plus, les fortes pluies perturbent la traficabilité des véhicules.» Pourtant, assure le militaire, «quand on s’entraîne en montagne, on peut être bon partout.»
«Notre spécificité est la rusticité, ajoute-t-il. Les chasseurs doivent partir pour 24 ou 48 heures de sécurisation, dans de conditions de chaleur et tension extrêmes. Ils ont une maîtrise de la force exceptionnelle.» Difficile en effet d’être confronté quotidiennement à des civils. «Cela nécessite du discernement à tous les échelons. En début de mandat, il y avait une énorme insatisfaction dans certains quartiers, avec des manifestations permanentes et une foule hostile, qu’il fallait calmer en montrant la force mais sans l’utiliser.» Aujourd’hui, le colonel Beckert l’affirme, «l’opération Sangaris est unanimement acceptée à Bangui, quelles que soient les communautés.»
Manuel Pavard