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24 février 2014 1 24 /02 /février /2014 02:51

 

 

 

 

http://www.rfi.fr/    dimanche 23 février 2014  Christophe Boisbouvier

 

« Cette mission consiste à conduire une opération de transition en République centrafricaine, pour contribuer sur la zone de Bangui, à l'établissement d'un environnement sécurisé. »

 

L’Union européenne a donné, fin janvier, son feu vert à une intervention militaire en République centrafricaine. Baptisée Eufor-RCA, cette mission est en train de se constituer depuis la semaine dernière pour un déploiement espéré au mois de mars 2014. L'intervention, d'une durée prévue d'environ six mois, consiste à sécuriser le secteur de Bangui et ses populations, notamment l'aéroport M'Poko et les grands axes de la ville ; l'objectif final étant ensuite de passer le relais à la Misca. La mission Eufor-RCA sera pilotée depuis la base de Larissa en Grèce où sera donc basé l’état-major et où se trouve actuellement l’invité de RFI, le général Philippe Pontiès, de l'EMF3. Il a déjà participé à des opérations comme l’opération Trident au Kosovo ; il a été également porte-parole adjoint au ministère de la Défense.

 

RFI : Une nouvelle intervention en Centrafrique pour « le niveau de haine et de violence » qui dépasse ce qu’on pouvait imaginer, pour reprendre Jean-Yves Le Drian. Très clairement, les effectifs sur place ne suffisent pas ?

 

Général Philippe Pontiès : Je pense que les propos du ministre français de la Défense reflètent bien la réalité du terrain. La sécurité quotidienne des citoyens centrafricains est une vraie préoccupation. J’ajoute que la situation humanitaire, étant ce qu’elle est, il y a vraiment besoin d’avoir un engagement de la communauté internationale assez conséquent.

 

Sangaris et la Misca sont déjà bien occupées, à chacun sa mission, quelle sera la vôtre avec l’Eufor-RCA ?

 

Cette mission consiste à conduire une opération de transition en République centrafricaine pour contribuer, sur la zone de Bangui, à l’établissement d’un environnement sécurisé avec quatre à six mois, après la pleine capacité opérationnelle de cette force, de nouveau un transfert d’autorité à la Misca qui est la force de l’Union africaine en République centrafricaine. Il s’agit d’abord de contribuer à la protection de populations qui sont menacées, ensuite d’établir des conditions qui sont propres à soutenir un peu la reprise économique et permettre le retour des populations déplacées.

 

Vous comptez vous déployer d’ici combien de temps à peu près ?

 

Nous sommes actuellement dans un processus de planification qui arrive à son terme, donc le plan d’opération sera soumis dans le courant de la semaine prochaine au Comité politique et de sécurité de l’Union européenne. En tout cas, je recommanderai, pour ma part, le lancement de l’opération au début du mois de mars. Ce qui veut dire que quelques jours après, les premiers éléments de la force seront déployés en République centrafricaine. Nous devrions atteindre une capacité opérationnelle intermédiaire à partir de la fin du mois de mars et une pleine capacité opérationnelle à la fin du mois d’avril.

 

Il y a un million de déplacés en Centrafrique. Une triste illustration de ce drame humain, c’est ce camp qui se trouve près de l’aéroport de M'Poko : à peu près 100 000 personnes s’entassent à l’intérieur. Ce sera sur votre secteur d’activité une préoccupation majeure, on l’imagine facilement. Est-ce que vous savez aujourd’hui quelle est la situation à l’intérieur de ce camp de déplacés ?

 

Objectivement, nous avons là des populations qui ont quitté leur maison depuis déjà fort longtemps, qui vivent dans des conditions extrêmement précaires. Ce sont des gens qui, dans la journée, vaquent à leurs occupations en dehors du camp. Mais la situation sécuritaire étant ce qu’elle est, la nuit ils ne restent pas chez eux, ils réintègrent le camp de déplacés pour avoir un minimum de sécurité. Notre mission consistera à assurer la sécurité à l’extérieur du camp et à faire en sorte que ce camp reste, malgré les conditions précaires qui prévalent, un havre de paix, notamment la nuit. Par ailleurs, les conditions de nuit sur place sont extrêmement précaires. A titre d’exemple, vous avez à peu près une latrine pour 1 200 personnes, ça vous donne une idée des conditions sanitaires dans lesquelles vivent ces personnes déplacées. Dans quelques semaines, la saison des pluies va débuter. La zone sur laquelle est déployée le camp est une zone très marécageuse, donc la saison des pluies arrivant, on a des risques de maladies qui s’accroissent d’autant. C'est-à-dire que toutes les conditions sont réunies pour faire de ce camp de déplacés une catastrophe sanitaire majeure, si rien ne se passe d’ici là.

 

Et vous disposerez de combien d’hommes pour mener toutes ces missions ?

 

Nous nous acheminons vers une force que nous espérons à hauteur de 1 000 hommes à peu près, 1 000 hommes déployés sur Bangui.

 

Est-ce que l’on sait aujourd’hui précisément quels seront les pays contributeurs de l’Eufor-RCA ?

 

Je laisse le soin aux Etats contributeurs de communiquer eux-mêmes sur les propositions qu’ils nous ont faites. Ce que je peux vous dire c’est que ces pays sont nombreux, qu’il y a une véritable mobilisation des Etats membres derrière la constitution de cette force et que cette force-là sera bien représentative de ce qu’est la communauté européenne.

 

Votre contribution en Centrafrique ne pourra pas excéder les six mois, est-ce ce n’est pas un petit peu serré, ça, comme délai ?

 

Non, six mois cela permet d’obtenir des effets significatifs sur le terrain. Le déploiement d’une force de 1 000 hommes sur Bangui permettra de façon assez visible et de façon assez immédiate de réaliser un niveau de sécurité tout à fait acceptable pour ces populations-là. Ça permettra également aux acteurs humanitaires de mettre en œuvre un certain nombre de projets que la situation sécuritaire ne leur permet pas de mettre en œuvre. Nous allons travailler d’ailleurs en étroite coordination avec les services de la Commission européenne, notamment dans la partie humanitaire et dans la partie développement économique, pour mettre en œuvre dans les zones que nous parviendrons à sécuriser un certain nombre de projets. L’idée est d’en faire des secteurs pilotes qui pourront ultérieurement faire tache d’huile sur les secteurs adjacents. Paradoxalement, vous l’avez souligné, c’est une mission qui pourrait être considérée comme courte, mais qui a vocation à créer les conditions d’action à beaucoup plus long terme.

Interview du Général Philippe Pontiès, chef de l'Eufor-RCA sur RFI
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