EDITORIAL
La France n’a jamais quitté la Centrafrique. La décolonisation puis l’indépendance formelle en 1960 de ce pays immense et immensément pauvre n’ont rien changé aux ingérences et interventions françaises à répétition. De «Barracuda» en 1979 à «Sangaris» aujourd’hui, l’armée française a toujours eu ses bases et ses quartiers en Centrafrique. Le bilan de ces quarante-cinq ans d’ingérences est calamiteux.
La RCA est toujours aussi pauvre ; sans Etat, sans armée, sans routes ni écoles. Le pays est plus divisé que jamais entre ethnies et confessions, et la vie démocratique inexistante. Les paras français ne déposent plus les présidents centrafricains comme ils l’avaient fait avec l’empereur Bokassa Ier. François Hollande, qui s’est toujours méfié de la Françafrique, de ses corrupteurs et corrompus, a agi au Mali comme en RCA sous un mandat de l’ONU.
Des élections régulières se sont même tenues au Mali et la France a obtenu qu’une respectable présidente par intérim, Catherine Samba-Panza, remplace le président Michel Djotodia installé par les escadrons de la mort de la Séléka. Mais ces habits neufs ne peuvent à eux seuls justifier cette politique de l’ingérence.
L’armée française, mal servie par son allié tchadien, le peu recommandable président Déby, est conspuée dans les quartiers à Bangui alors qu’elle devrait servir d’honnête arbitre. Les Africains méritent mieux que ces interventions d’un autre temps.